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Un recueil de scénarios, ça fait plaisir. Du matos original et en français, aussi. Quand c'est un auteur anciennement reconnu pour son travail passé sur l'Appel, forcément, ça rajoute une troisième couche d'impatience. Alors sans le vouloir, on place la barre assez haut.La question est donc, lors d'une soirée limbo pour profonds, les scénarios passent dessous ou la franchissent en sautant avec allégresse ?
Promis, je vais tenter d'être objectif.
Sous un Ciel de Sang est un scénario plutôt long métrage qui s'organise en 5 séquences. Les séquences ne s'enchaînent pas forcément car certaines peuvent être menées de front donc attention à ne pas se laisser tromper lors de la lecture.
Au global, c'est bien écrit, c'est dense en localisations et en personnages, il y a un foisonnement de détails divers et variés qui font du cadre de l'aventure un environnement vivant.
Sans tout lâcher, c'est une grosse enquête sur un évènement auquel les investigateurs vont être confrontés. Impliqués, surtout si l'on prend les pré-tirés car sinon, vous risquez de lutter pour le suivi de l'enquête avec des PJs classiques (donc si vous bidouillez les historiques, ça va sentir un peu le préparé pour certaines découvertes).
Le principal sujet est Paris et sa région. Les investigateurs vont se balader, de ruelles en bâtiments administratifs, de clapiers en bars louches. Je vous entends dès lors vous frotter les mains en pensant à divers rixes et poursuites... alors, euh, comment dire... rangez vos dés, remisez les clés de votre bolide : c'est pas du Derrick mais si vous aimez pas les enquêtes à rallonge, passez votre chemin. L'auteur a du noter des tas de trucs pendant des années (25 ans nous dit-il) et plutôt que d'attendre et distiller ses notes dans divers scénars, ben il lâche la purée un peu précocement d'un coup, là, paf, sur plusieurs dizaines de pages.
Oui, à la lecture, Sous un Ciel présente une trop copieuse profusion de rencontres pour être digérée aisément. Des portraits, des PNJs typés, tout le monde aime ça, mais quand ça tourne à l'enquête pour le recensement, votre équipe aura intérêt à être sacrément organisée pour ne pas se pommer. Peu c'est mal mais trop... enfin l'intérêt, c'est que l'on peut faire un peu de ménage quand c'est excessif comme là. Alors oui, vous allez aller à la rencontre de toutes les franges socioprofessionnelles du Paris de l'après-guerre : mais dans une telle multitude, difficile de faire de chaque rencontre un évènement intéressant, il faudra donc mettre l'accent sur les vrais informateurs. C'est dommage.
Sur cet épisode de Julie Lescaut, on va tout de même vous rajouter une ch'tite couche de Mythe. Ben oui, quand même. On laissera sur le bord du chemin les motivations côté « méchants » car eux-mêmes doivent se demander pourquoi ils le sont autant, pour se focaliser sur la vraie menace poulpique : une super idée mais là aussi, melting pot de trop d'idées qui en font un truc confus, omnipotent et peu justifiable, même dans le monde de Lovecraft.
On nous assène de loin en loin que ce n'est pas du classique Cthulhu,... mais finalement, le classique, par moment, ça permet de comprendre en reprenant quelques standards. Ce danger sortant du spectre qui s'ajoute à l'enquête sans trop de pourquoi ni de comment, laisse par contre derrière lui une « mystérieuse » piste qui vous replongera dans les enquêtes scoobydesques de votre enfance. Non, ce n'est pas le jardinier :), mais une fois le premier indice découvert, tous les suivants seront d'une évidence diaboliquement biblique !
Je passe la dernière séquence qui pour moi, sent le rajout décousu qui tient difficilement dans la toile générale du scénario.
En conclusion, vous aurez compris que j'ai été déçu. Bah oui, si l'idée de début d'enquête et l'élément de Mythe sont über prometteurs, ils sont noyés dans une enquête longue, sans rebondissements, sans action (mais alors là, aucune), et parsemée de détails historiques qui ne font que rajouter au brouillard ambiant. On est loin d'un Yacht, rafiot et liqueur d'algues, et encore plus loin d'un La maison reste ouverte pendant les travaux. Le scénario n'est pas mauvais en soi, mais il va demander beaucoup de travail de préparation, d'élagage et d'ajout pour en faire un vrai scénar poulpique et pas une grosseuh enquête de voisinage géante.
PS : pour les deux vieux scénars cités, je les ai vu traîner hors de Toc, si vous êtes intéressés...