Une jeune new-yorkaise découvre un ouvrage parlant des Trois Mères qui dominent le monde depuis leurs demeures, Mater Lacrymarum, la Mère des Larmes, Mater Suspirorum, la Mère des Soupirs et Mater Tenebrarum, la Mère des Ténèbres. Elle soupçonne que son immeuble pourrait être lié à l'histoire des Trois Mères et demande l'aide de son frère, étudiant à Rome. Mark reviendra à New York pour l'aider mais ne le trouvera plus chez elle...
Inferno est le deuxième film d'une hypothétique "Trilogie des Trois Mères" commencée avec "Suspiria" (selon des news récentes, il semblerait que le cinéaste ait enfin décidé de s'attaquer au troisième segment de cette trilogie).
Tout comme dans une symphonie, le deuxième mouvement est plus lent et plus pondéré que le premier pour mieux préparer les envolées des derniers mouvements, "Inferno" est plus lent que "Suspiria", sans pour cela atténuer l'horreur de son histoire.
Argento, comme dans Suspiria, traite son image de façon très expressionniste avec des décors le plus souvent bizarrement proportionnés et composés essentiellement en couleurs primaires, dans un superbe Technicolor, mais sans céder aux délires permis par les traitements chromatiques utilisés sur le précédent film (Voir d'ailleurs la superbe affiche du film à comparer à la composition assez classique utilisée pour Suspiria ; Argento renouera avec la même pureté graphique pour Ténèbres et Opera).
Le groupe Goblin qui avait composé la musique des deux précedents films de Argento est remplacé ici par Keith Emerson (de Emerson Lake and Palmer) qui nous offre une splendide partition, tout aussi nerveuse et un peu plus variée que les Goblins et qui supporte parfaitement d'être écoutée seule.
Le film abonde en symboles : ainsi l'immeuble dans lequel vit Rose se déploie schématiquement sur trois niveaux, le "niveau humain" de la rue auquel on ne s'intéressera que peu sinon par le biais de cette excroissance que constitue la librairie de Kazanian, les niveaux supérieurs dominés par la terrifiante entité qui y habite et où on peut trouver des réponses comme un destin funeste et ce niveau souterrain perdu, enfoui, rongé, avec son cadavre dans le placard dans lequel il faut plonger - au sens propre - pour aller y chercher la clé permettant de regagner le monde "réel". Enfin la piste sonore, habitée de voix désincarnées, est aussi importante que n'importe quel personnage.
Dans les deux cas, on assiste à un cauchemar plus qu'à une enquête, les protagonistes n'ayant qu'une liberté d'action illusoire et étant plus emportés vers des lieux et situations sinistres que véritablement acteurs de leur histoire. Il convient donc de ne pas s'attacher à la logique de l'histoire mais de se laisser emporter par la succession d'images et de couleurs mises en scène par Argento.
La plongée de Sara dans les entrailles de la Bibliothèque à Rome est particulièrement représentative de ce côté irréel, tout comme, à l'autre bout du monde et à l'opposé, la montée de Rose vers le grenier de l'immeuble, ou la mort de Kazanian, le vieux libraire, aussi hallucinante que celle du pianiste aveugle de Suspiria.
Le seul défaut de Inferno, un peu volontaire de la part de Argento, est le manque de consistance des personnages, destinés de toutes façons à n'être que des pions dans les cauchemars où il les fait entrer, pions que la Reine adverse va se faire un plaisir d'éliminer.
L'un des plus beaux films de Argento, qui abandonne totalement toute idée de logique pour ne plus apporter qu'une plongée dans l'angoisse et l'horreur.