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Alors que les États-Unis sont envahis par une horde de zombies, un pilote d'hélicoptère et sa petite amie s'enfuient avec deux militaires. Rapidement, ils trouvent refuge dans un centre commercial...



Après le succès de La nuit des morts-vivants (1968), George Romero réalise une comédie (There's always vanilla (1972)) et deux films d'horreur (Season of the witch (1972) et La nuit des fous-vivants (1973)). Puis, en 1978, il concrétise deux projets: Martin (1978), une oeuvre mélangeant satire sociale et vampires ; et Zombie, suite de La nuit des morts-vivants. Les comédiens principaux ne feront guère carrière, à part Ken Foree (From beyond (1986) de Stuart Gordon, Le dentiste (1996) de Brian Yuzna...).
Pour concrétiser ce projet, Romero va bénéficier de la présence d'un producteur hors du commun: le réalisateur italien Dario Argento (Suspiria (1977)...). Celui-ci va faire composer la musique par l'excellent groupe Goblin, qui venait d'écrire pour lui les bandes originales de Les frissons de l'angoisse (1975) et Suspiria. Comme dans La nuit des morts-vivants, la réalisation repose sur une stratégie très "guérilla": Zombie sera tourné avec relativement peu de moyens, interprété par des comédiens très peu connus et filmé essentiellement la nuit, dans un centre commercial. Pour les États-Unis, Romero réalise un montage de 140 minutes qu'il sortira avec la mention "Unrated" (c'est-à-dire sans le soumettre à la commission de censure, ce qui est possible là-bas pour une production indépendante, même si cela rend la promotion du film très difficile). Pour l'Europe, ce sera Argento qui va monter Zombie dans une version de 120 minutes, plus rapide, allégée de certaines scènes gore, dans laquelle la musique de Goblin est plus présente. Pourtant, il connaîtra de gros problèmes de censure, notamment en France où Zombie sera intégralement interdit jusqu'en 1981, même après de nombreuses coupures réalisées par les distributeurs.

Plus qu'à un film d'horreur traditionnel, ce film fait surtout penser à un film d'action, particulièrement aux westerns sanglants de Sam Peckinpah (La horde sauvage (1969)...) ou à un film de guerre (on pense ainsi à la conclusion de Les douze salopards (1967) de Robert Aldrich ou à Croix de fer (1977) de Peckinpah). Si Zombie se compose en grande partie de scènes d'action très nerveuses, leur réalisme sanglant renvoie, comme dans La nuit des morts-vivants, au traumatisme provoqué chez les américains par l'horreur des documents et des témoignages qu'ont rapporté du Vietnam les journalistes et les photographes. De même, Romero décrit, un peu comme Peckinpah, une surenchère absurde et démente dans la violence et le meurtre, notamment à travers le personnage de Roger, soldat exultant à se servir de son arme pour abattre le plus de morts-vivants possibles.

Cette montée de la violence cinématographique s'accompagne aussi d'un développement remarquable du gore. Certes, le réalisme dans l'horreur de La nuit des morts-vivants avait été dépassé par des œuvres comme Suspiria. Mais, jamais auparavant un film n'avait été aussi loin que Zombie : les têtes explosent, les membres sont arrachés, les entrailles sont extirpées et dévorées... Pour réaliser ces effets spéciaux inédits, Romero fait appel à Tom Savini, ancien photographe de la guerre du Vietnam, qui va devenir une star des effets spéciaux sanglants dans les années 1980 (Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham, Maniac (1980) de Bill Lustig, Creepshow (1982) de George Romero...). Ce gore tend parfois à être légèrement burlesque (le bras coupé qui reste coincé dans l'appareil à mesurer la tension...), ce qui annonce déjà les délires sanglants de Re-animator (1985) de Stuart Gordon ou de Braindead (1992) de Peter Jackson.

Encore une fois, le cinéma d'horreur sert à Romero de prétexte pour exprimer des opinions politiques contestataires et sans concession. Zombie souligne la fragilité de la société américaine, absolument incapable de gérer cette catastrophe. Rongée par les conflits ethniques et sociaux (l'assaut de l'immeuble pauvre au début du métrage...), elle sera incapable de surmonter ses tensions internes et fuira en ordre dispersé la horde de morts-vivants. C'est bien au triste spectacle d'une civilisation en complète faillite que nous convie Romero: comme La nuit des morts-vivants ou La planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner, Zombie s'inscrit dans la tradition d'une science-fiction pessimiste typique des années 1960-70.

En situant l'action de son film dans un centre commercial, Romero s'en prend aussi à la société de consommation, base des valeurs égoïstes de la civilisation occidentale. Même les zombies s'y rendent instinctivement, tant leurs vies étaient conditionnées par leurs allers et venues dans ce lieu. Les fugitifs souffrent aussi de réflexes de propriétaires avides: une fois la place sécurisée, ils vont recréer une petit Amérique bien confortable au sein de ce supermarché très bien achalandé, et y attendre passivement que "ça s'arrange", tandis que les hordes de zombies continuent à errer inlassablement sur le parking. De même Stephen va déclencher la catastrophe finale en tentant stupidement de repousser des pillards qui se servaient dans "son" supermarché.

Zombie sera un très grand succès, notamment en Italie où il aura une descendance très nombreuse et très inégale (L'enfer des zombies (1979) de Lucio Fulci, L'avion de l'apocalypse (1980) d'Umberto Lenzi...). Cette oeuvre unique, très forte et très efficace sera, comme Halloween (1978) de John Carpenter, un des films d'épouvante les plus influents des années 1970. Encore aujourd'hui, il impressionne par l'intégrité de sa réflexion sur la société américaine et par son pessimisme à son sujet: à ce titre, la fin de Zombie est particulièrement lourd de sens.

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LA référence
■ Clint 23/10/2004
Zombie est un film culte. J'ai fait un petite note dessus à cette adresse si ça vous intéresse.
lien web

Par contre, la version europénne d'Argento ne comporte pas moins de scènes gore que lcelle de Romero. C'est le montage qui change (quelques coupes et plus de plan sérrés) et la musique (fantastique Goblin.
Mitigé... mais sanglant
■ Vonv 13/03/2004
Bon bon d'accord y a une critique sur la société américaine. Ok c'est efficace, gore et sanglant... mais bon...

Ce film est un gros shoot-them-up, teinté de pillage et autres effusions d'un sang très rouge-peinture à mon goût.
Donc y a de très bons moments mais à côté de ça, ça se répète. Les scènes d'armement n'ont rien à envier à un bon Commando avec Schwarzy.
Ca fait pas peur c'est du film catastrophe où des questions (d'où viennent ces zombies ???) sont posées et ne trouveront pas de réponses... déçu.
Pas qu'un film gore
■ Fab 01/08/2003
25 ans après sa sortie, ce film marque encore par sa violence (certes dépasser par un Braindead, par exemple), mais surtout par sa critiique sociale, (malheureusement) toujours d'actualité.
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