Les promeneurs qui parcourent les pavés de la capitale parisienne s'égarent parfois dans la Rue de la Fontaine Junon. Au détour d'une ruelle, ils découvrent une petite fontaine décorée d'une fine statue de la déesse Junon faisant couler de l'eau d'une amphore romaine. Contourner la statue les amène sur une rue portant son nom.
La Rue de la Fontaine Junon ne peut être vue en totalité depuis l'endroit ou se situe la fontaine elle-même, car cette rue évolue en un virage. Elle ne présente rien de remarquable, car elle n'est composée que d'habitations en pierre sans caractère, bien qu'apparemment toutes anciennes. Jamais personne ne se promène dans cette rue, il est impossible d'y croiser quiconque.
Le seul élément particulier est une boutique d'antiquités située au numéro 13. La boutique est inratable de par sa couleur : tous les bâtiments sont en pierres de taille beiges, tandis que la devanture de la boutique est en bois lazuré de noir. Ses vitres sont sales, et il est difficile de deviner depuis l'extérieur ce qui s'y vend, mais il y aura toujours un élément pour attirer l' ;il du visiteur égaré.
Une fois passé le palier de la porte, un nain roux dont la longue chevelure semble aller jusqu'à ses chevilles, sans que jamais il ne trébuche, vient s'enquérir des souhaits de son nouveau client. Son parler est rapide et toujours précis, détaillant les mille et une merveilles contenues dans la boutique. Cependant, ce qui est vu au rez-de-chaussée est sans commune mesure avec ce qui peut être contemplé à l'étage : si les articles du bas sont de bonne facture, il ne s'agit que d'antiquités classiques, tandis qu'à l'étage on se retrouve à mi-chemin entre un cabinet de curiosité et d'un musée, avec des objets d'un très grand âge ou d'une très grande rareté. Si un article en particulier attire l'attention d'un acheteur, le nain ira chercher son maître, seul habilité à réaliser une vente.
L'antiquaire s'appelle Monsieur Malfort. C'est un homme âgé, vêtu d'un peignoir de satin noir, portant une toque noire qui encadre son maigre visage ridé par les ans. Malgré son allure chétive, son regard vert pétille d'une vive intelligence ainsi que d'un éclat malveillant dont l'intensité varie au cours de sa conversation.
Là ou le nain ne peut que donner des indications sur l'époque d'un objet, sa provenance ou bien encore une indication de son prix, Malfort possède toujours une anecdote particulière à raconter sur chacun des objets de sa boutique. Il négocie les prix âprement et parle souvent par énigmes, comme s'il en savait beaucoup sur la vie et les buts réels de ses clients.
La Rue de la Fontaine Junon ne peut être trouvé sur aucun plan de Paris. Et ce n'est pas pour rien : elle n'existe pas vraiment dans notre plan d'existence. Elle apparaît au gré des circonstances selon le besoin de son propriétaire, qui n'est en réalité que Nyarlathothep. Selon votre volonté, Malfort peut être soit un avatar du dieu, soit un de ses serviteurs, ce qui changera peu de choses dans les faits pour son interprétation et de ses interventions. Il faut noter que l'on peut trouver référence des Antiquités Junon dans certains carnets de voyages ou journaux intimes, ainsi que dans certains traités d'occultistes français, mais ces indications seront bien évidemment inutilisables.
Si jamais quelqu'un s'aventurait à tuer Malfort, celui-ci se dissoudrait aussitôt ainsi que sa boutique et toute la rue Junon. Il se retrouverait alors dans le quartier de Paris où il a rencontré la Rue, et il est probable qu'il ne puisse plus jamais la trouver à nouveau, quelque soit l'énergie et le temps dépensé.
Au cours des ages de la Terre, cette boutique s'est appelé différemment et s'est situé dans d'autres endroits que Paris. Mais il y a une constante : elle a toujours comporté des objets étranges et exotiques, et a servi à Nyarlathothep à répandre des idées pernicieuses dans le c ;ur des hommes. Ainsi, si tous les exemplaires connus du terrible Necronomicon venaient à disparaître de la surface de la Terre, il est fort à parier que l'on pourrait en trouver un exemplaire aux Antiquités Junon.
Référence : cette boutique d'Antiquités et surtout son propriétaire sont inspirés du roman " La peau de chagrin" d'Honoré de Balsac.