Dans une forêt de Viriginie occidentale, une famille de dégénérés terrorise et assassine des vacanciers... avant de les dévorer !
Détour mortel est le troisième film réalisé par RobSchmidt, qui avait, avec ses deux oeuvres antérieures, travailler dans ledomaine du cinéma indépendant (Saturn (1999) et Crime + punishment (2000)).Désireux de tourner un film d'horreur, il choisit le scénario de Détourmortel. Cette modeste production américano-allemande, d'à peine 10millions de dollars, est tournée au Canada. Elle est, par ailleurs, produite parStan Winston, très grosse pointure des effets spéciaux (Aliens (1986)de James Cameron, Jurassic park (1993) de Steven Spielberg...) et réalisateur de Le démon d'Halloween (1986). C'est l'équipe deWinston qui se charge, logiquement, des maquillages et des effets gore de Détourmortel. Le casting se compose avant de jeunes comédiens issus de latélévision ou peu connus : Eliza Dushku (La série Buffy contre lesvampires, American girls (2000)...), Desmond Harrington (The hole (2001)de Nick Hamm, Le vaisseau de l'angoisse (2002) de Steve Beck...)...
Toutefois, le film de Craven se déroulait dans un désert. Détour mortelchoisit un cadre forestier évoquant plutôt des oeuvres comme Délivrance(1972) de John Boorman (des touristes visitant le sud des États-Unis y sontagressés par des cajuns sadiques) ou le superbe Sans retour (1981) deWalter Hill (des réservistes de la garde nationale, en manœuvre dans le bayou,abattent un indigène : ses compagnons décident de le venger). Le film de RobSchmidt prenant la forme d'une longue course-poursuite, d'une vraie chasse àl'homme parsemée de scènes d'action, c'est d'ailleurs à cedernier titre qu'on pense le plus souvent.
En orchestrant la confrontation entre des campagnards agressifs et des citadinsmal à l'aise dans le contexte de l'Amérique profonde, Détour mortel exploitele même thème que 2000 maniaques (1964) de H. G. Lewiset, surtout, Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, auquelil renvoie notamment par la description de l'antre des cannibales, dans lequelces derniers exposent, en un ahurissant bric-à-brac, le fruit de leurs pillages.D'autre part, Détour mortel n'aurait peut-être pas vu le jour sans lerécent succès de Jeeper creepers (2001) de Victor Salva : à nouveau,deux jeunes citadins traversant une région rurale étaient harcelés par unpersonnage barbare et sadique.
Comme Jeepers creepers, Détour mortel semble choisir de seréférer à une épouvante âpre et classique, renvoyant avant tout à desoeuvres des années 1970-80. On n'y trouve presque plus l'humour d'un Scream (1996),de ses descendants ou de ses suites. Les dégénérés sont des personnagesbrutaux et sadiques, si bien que leurs exactions donnent souvent lieu à desmanifestations d'épouvante assez graphiques, bénéficiant de trucagesd'excellente qualité. A la manière de Sans retour ou de Predator(1987), l'horreur et l'angoisse ménagent une large place à des scènesd'action, certaines étant d'ailleurs assez réussies (le siège de la tour deguet, la fuite dans les branches...). Quelques décors ou sitesnaturels bien choisis parviennent à transmettre une véritable sensation d'oppression : le cimetière de voitures, le surplomb rocheux...
Pourtant, Détour mortel déçoit. Son plus gros point faible est sansdoute son manque presque total d'originalité. Tout semble avoir été déjà vuauparavant. Le déroulement du métrage est franchement prévisible. On estencore frappé par un final totalement raté, et des séquences d'horreurmanquant souvent d'impact, la faute sans doute à une réalisation assezbanale. Il est d'autant plus difficile de se sentir impliqué par lesévènements que les personnages sont, pour ainsi dire, inexistants. Les jeunescampeurs sont caricaturaux et insipides, si bien qu'ils pourraient venir d'unépisode de la série des Vendredi 13. De plus, l'interprétation, à part Desmond Harrington,laisse franchement à désirer : la mort de Cary arrive ainsicomme un vrai soulagement pour le spectateur ! Le camp des méchants n'est pas mieux loti : les monstrueux cannibales, lourdement maquillés,paraissent peu vraisemblables, et leurs origines, aussi bien que leursmotivations, restent complètementmystérieuses.
Bref, sans originalité ni épaisseur, Détour mortel a, au fond, biendu mal à convaincre, d'autant plus que ses séquences d'épouvante ne sontjamais réellement intenses. Reste un film qui a, au moins, le mérite d'avoir un certainrythme et qui, dans certaines scènes, fait relativement mouche. Aux USA, il a connu un petit succès, en tout cas rapporté à son coût de productionbien modeste. La production a imposé au réalisateur l'insertiond'une scène finale (cachée dans le générique) semblant annoncer une suite. Détourmortel a été distribué en France en plein été ; malgré des critiquesrelativement favorables, il n'y a pas été un succès.
Bibliographie consultée :