Une mystérieuse épidémie se répand aux USA : les morts reviennent à la vie et attaquent les vivants ! Des survivants, barricadés dans une maison, vont tenter de résister aussi longtemps que possible à cette menace monstrueuse.
Le classique La nuit des morts-vivants (1968) de George Romero a été enson temps un énorme succès commercial, alors qu'il avait été conçu comme une très modeste production destinée à un circuit dedistribution régionale. A sa sortie, il fut largement diffusé, bienplus que prévu. En effet, les concepteurs du générique avaient oublié d'yplacer les mentions légales relatives à la propriété intellectuelle. Parconséquent, des distributeurs ont cru que l'œuvre étaient libres de droits eten ont tiré de nombreuses copies, qu'ils ont exploitées sans rémunérer lesauteurs ! Plus tard, George Romero donnera deux suites à La nuit desmorts-vivants : Zombie(1978) et Le jour des morts-vivants (1985). D'autre part, John Russo,co-scénariste de La nuit des morts-vivants version 1968, rédige lescript d'une autre suite pour ce film, qui deviendra Le retour desmorts-vivants (1985) de Dan O'Bannon, lui-même suivi de Le retour desmorts-vivants 2 (1988) et Le retour des morts-vivants 3 (1993) ! A lafin des années 1980, Russo et Romero décident de produire un remake encouleurs de La nuit des morts-vivants, en arguant notamment que cela leurpermettrait de récupérer un peu de l'argent qui leur a été "volé"au cours la première exploitation chaotique de ce film. La réalisation estconfiée à Tom Savini, cascadeur et spécialiste mythique des effets spéciaux"gore", notamment célèbre pour son travail sur les films de Romero (Zombie,Creepshow (1982)...). Bien qu'il ait déjà travaillé à ce poste pourla série télévisée Histoires de l'autre monde, il s'agit de sapremière réalisation pour le cinéma. Si le film de 1968 a été tourné dansdes conditions précaires, ce remake bénéficie d'un bon budget de 5 millionsde dollars et du soutien de la grande firme Columbia. Le rôle de Ben estdésormais tenu par Tony Todd, appelé à devenir une figure du cinéma fantastiqueavec son interprétation d'un revenant assoiffé de vengeance dans Candyman(1992) et ses suites. Barbara est incarnée par Patricia Tallman, cascadeuse etactrice, notamment remarquée dans les années 1990 pour son rôle récurentdans la série de science-fiction Babylon 5.
On voit bien que la structure de ce remake reprend les grandes lignes dufilm original. Pourtant, le nouveau scénario, rédigé par George Romerolui-même, ménage pas mal de petites surprises, ce qui permet aux nombreuxamateurs de l'original de ne pas trop s'ennuyer. Ainsi, après un premier momentde panique, le personnage de Barbara s'inscrit désormais dans la tradition des"femmes fortes" apparues dans l'épouvante après Alien (1979)de Ridley Scott. Les maquillages sont de très haute qualité, comme on pouvaits'y attendre, même si ce n'est pas Savini lui-même qui s'est chargé deseffets spéciaux. Il a en effet délégué cette tâche à deux de sesassistants : Everett Burrell et John Vullich. Les amateurs de gore serontpourtant assez déçus tant ce film paraît prudent en la matière. D'une part,Savini a voulu éviter de tomber dans la surenchère et a préféré ménager sonsuspens plutôt que de partir dans des excès de violence graphique. Maissurtout, la commission de classification américaine se montra très sévère etexigea le retrait des passages les plus explicites, essentiellement des plans dezombies abattus d'une balle dans la tête. Alors que Romero avait délibérémentdistribué Zombie et Le jour des morts-vivants sans les soumettreà cette commission (ce qui permet d'éviter toute censure, mais rend difficilela diffusion et la promotion des oeuvres), Savini acceptera lescoupures imposées.
La nuit desmorts-vivants version Savini est donc d'une violence assez sèche et plutôtretenue. Ce remake tourne aussi le dos à la tentation d'un quelconquehumour référentiel. Seul le prologue, dans le cimetière, fait délibérémentdes clins d'œil complices aux spectateurs avertis, mais le reste du métrage seveut rigoureux et sombre. Dans ce sens, le final prolonge le constatcauchemardesque que proposait le dénouement du film de Romero. Les survivants,organisés en milices anti-zombies, se comportent comme des brutes insensibles,tandis qu'un avenir très sombre se dessine à l'horizon pour l'humanité. Lesinterprétations excellentes de Tony Todd et Patricia Tallman vont aussi dans cesens tragique.
Pourtant, malgré d'indéniables bonnes intentions, ce remake peut laisser lespectateur sur sa faim. La mise en scène de Romero mêlait des cadrages etdes éclairages expressionnistes à des séquences évoquant un angoissantdocumentaire. Elle parvenait ainsi à créer une ambiance claustrophobique et dépressive,à la fois puissante et originale. Ici, la réalisation paraît la plupart dutemps très banale, évoquant même un simple téléfilm et ne parvenant pasvraiment à créer, de façon durable, une atmosphère originale ou une tensionpalpable. Qui plus est, cette version de La nuit des morts-vivants souffred'une musique électronique omniprésente et complètement ratée, qui casseclairement l'atmosphère et donne au film une ambiance assez "cheap".
La nuit des morts-vivants revu par Savini est certes un honnête film dezombies. Toutefois, il lui manque un ton vraiment fort et original pour parvenirà s'affirmer face à son illustre modèle. De plus, son récit,malgré ses petites originalités, reste globalement trop proche du scénariode 1968 pour étonner les spectateurs familiarisés avec l'œuvre originale. Asa sortie aux USA, ce remake de La nuit des morts-vivants allaitrecueillir des recettes considérées comme décevantes. En France, bien que sadistribution en salles ait été un moment envisagée, le film sortira directement envidéo.
Bibliographie consultée :