Des soldats britanniques en manœuvre dans la campagne écossaise sont attaqués par une meute de loup-garous...
Dog soldiers est le premier long métrage du jeune réalisateur britannique NeilMarshall, qui avait déjà réalisé auparavant un court-métrage fantastique dans lecadre de ses études. Il a ensuite travaillé comme monteur et scénariste. Dogsodiers est une co-production britannique et luxembourgeoise, tournée avec un budgetplutôt modeste. En effet, l'épouvante n'est pas un genre très à la monde dans lecinéma anglais actuel. Il est produit par Christopher Frigg, déjà crédité à ce postepour des succès tels que Hellraiser (1987) de Clive Barker ou Trainspotting(1996) de Danny Boyle. Dog soldiers bénéficie par ailleurs d'une pointure enmatière de maquillage : Bob Keene, détenteur d'un palmarès assez impressionnant (Lifeforce(1985) de Tobe Hooper, Highlander (1986), Hellraiser, Eventhorizon (1997)...). Le film met en vedette des comédiens britanniques comme SeanPertwee (Event horizon, La malédiction de la momie (1998) de RusselMulcahy, Sept jours à vivre (2000) de Sebastien Niemman...) ou Kevin McKidd (Trainspotting...)...
Dog soldiers s'inscrit donc très fortement dans la tradition des films mêlantguerre et horreur. Se déroulant dans des magnifiques décors naturels (il a étéessentiellement tourné au Luxembourg, bien que quelques plans aient été filmés enÉcosse), cette traque nocturne rappelle immédiatement le magnifique Sans retour(1981) de Walter Hill, dans lequel des réservistes américains maladroits tuaient uncajun dans le bayou et se retrouvaient traqués par des indigènes très brutaux etquasi-invisibles, en position de force, car "chassant" sur leur territoire. Onpense aussi, bien entendu, à Predator (1987) de John McTiernan : mêlant deséléments d'Alien (1979) et d'Aliens en les transposant en pleinejungle, on y voyait un arrogant commando américain se faire démolir par unextra-terrestre impitoyable, dont le point de vue nous était restitué par d'étrangesvues subjectives. Dog soldiers reprend d'ailleurs ce procédé en nous faisantregarder, par moment, à travers les yeux de ses loup-garous (en noir et blanc). Dès lespremières confrontations avec les lycanthropes, Neil Marshall propose des débordementsgore d'une crudité assez surprenante, tout en n'omettant pas d'y ajouter une efficacepointe d'humour, dans la tradition d'un délirant Evil dead (1982).
Après la poursuite forestière, le récit s'oriente vers le très classique siège d'unepetite ferme par une horde de loup-garous impitoyables, contre lesquels les armes desmilitaires n'ont qu'une efficacité très temporaire et relative. Difficile alors de nepas penser, dans le domaine de l'horreur, à La nuit des morts-vivants (1968) deGeorge Romero, qui se compose essentiellement du siège d'une maison par des hordes dezombies hagards. On retrouve dès lors les éléments classiques des films de siège :espaces confinés, ennemis invisibles, assauts surprenants et très violents, conflitsd'intérêt parmi les assiégés, tentatives plus ou moins efficaces d'ouvrir une brèchedans les lignes de l'ennemi... Tout y passe dans le décor de cette forêt nocturne etbleutée, où des vagues de brumes sont portées par un vent mauvais. L'énergie assezsidérante dégagée par les acteurs (le dernier quart d'heure est stupéfiant par safrénésie) achève de donner bien des qualités à une oeuvre qui, a priori, a tout pourplaire.
Hélas, on peut regretter que, pour un film se basant avant tout sur l'efficacité desscènes d'action, ces dernières soient tout de même assez bâclées. Abusant d'effetsfatigants (obturateur trafiqué combiné à des plans caméras à l'épaule trèsheurtés...), favorisant des angles de prises de vue tarabiscotés et un montageextrêmement désordonné, les séquences de combat sont bien difficiles à suivre etprovoquent par moment un début de migraine chez le spectateur. Et quand Neil Marshall semet en tête de vouloir monter deux séquences violentes en parallèle, on sombre dans laplus extrême confusion. C'est d'autant plus dommage que certains passages sont très bienfaits (l'incendie de la grange par exemple). On regrette aussi le maquillage desloups-garous, qui est loin d'être une grande réussite. Si les têtes de loups sontréussies, en revanche, le corps et les jambes laissent à désirer. Bob Keene a tenté dereprendre l'aspect (magnifique) des lycanthropes de Hurlements (qui étaientinspirés par le Coyote des dessins animés de Chuck Jones), mais les pattes sont icivraiment complètement ratées. Les loup-garous semblent donc assez peu crédibles ethorrifiants.
Bref, à cause d'une réalisation trop mal maîtrisée et à d'effets spéciaux inégaux, Dogsoldiers n'est qu'un film sympathique, alors qu'il avait dans son jeu tous les atoutspour être une réussite du niveau d'un Zombie, d'un Evil dead ou d'un Braindead(1992). Il n'en reste pas moins qu'il contient de réelles qualités, notamment grâce àune certaine efficacité et à ses acteurs, qu'il serait injuste de négliger. Dogsoldiers a reçu un un accueil assez enthousiaste dans les festivals et, malgré sonstatut de petite production, il a eu le droit à une assez large sortie au cinéma enFrance.
Bibliographie consultée :