Après la mort de leur enfant dans un terrible accident de voiture, Rae et John partent faire une longue croisière pour se ressourcer, seuls à bord de leur voilier. Leur route croise un navire dont tous les voyageurs, sauf un, ont péri. Rae et John recueillent le survivant...
Calme blanc est l'adaptation d'un roman de Charles Williams qu'Orson Welles (CitizenKane (1941)...) avait déjà tenté de porter à l'écran à la fin des années 1960
- mais le tournage avait du être interrompu à cause de problèmes d'argent, et Welles a
Dès lors le récit se déploie en deux suspens simultanés et parallèles. D'une part,John se retrouve à bord du yacht en perdition, dont le moteur est noyé et dont la coqueprend l'eau. Marin aguerri, il parvient à remettre en marche les fonctions principales dunavire. Il découvre aussi de nombreux éléments révélant que les passagers del'Orpheus ont été massacrés suite à de violentes mésententes. Il comprend alors queHiggie est dangereux. A l'aide d'une radio fonctionnant tant bien que mal, il parvient àcommuniquer durant de courts moments avec Rae, qui est restée à bord du voilier avec lepsychopathe...
En effet, l'autre partie du suspens va reposer sur la confrontation entre la fragile Raeet le déséquilibré Higgie, qui, sous ses airs de playboy, cachent en fait un dangereuxpsychopathe. On se retrouve donc dans la situation classique du huis-clos dans lequel desvictimes impuissantes, qui pourraient être vous ou moi, sont harcelés et persécutéspar un imprévisible sadique, avec lequel il va falloir jouer à un éprouvant jeu du chatet de la souris pour parvenir à, au moins, rester en vie le plus longtemps possible. Toutcela rappelle de nombreux autres films : le chef d'oeuvre Key Largo (1948) deJohn Huston (Humphrey Bogart et Lauren Bacall y sont malmenés par une bande une bande degangsters commandée par Edward G. Robinson) ; La maison des otages (1955) deWilliam Wyler (des évadés font irruption dans une maison et prennent en otage la famillequi y vit) ; Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962) (une vieille fille aigrie(Bette Davis) persécute sa sur paralysée (Joan Crawford)) ; Seule dans la nuit(1967) de Terence Young (une aveugle (Audrey Hepburn) est harcelée par un gangstersadique à la recherche d'un paquet de drogue caché dans son appartement) ; le génial Hitcher(1986) de Robert Harmon (un jeune homme chargé de convoyer une voiture à traversles USA est attaqué par un auto-stoppeur dément (Rutger Hauer)) ; Misery (1990)de Rob Reiner (un écrivain célèbre (James Caan) est séquestré et martyrisé par unede ses fans (Kathy Bates)), Funny games (1994) de l'autrichien Michael Haneke(deux jeunes maniaques s'introduisent dans la maison d'une famille bourgeoise à laquelleils vont faire vivre un enfer)...
Bref, il s'agit là d'une situation archi-classique que Noyce parvient néanmoinstranscender par sa réalisation, en jouant très habilement sur le contraste entre lesespaces infinis de l'océan et les cabines et coursives confinées des bateaux,génératrices d'une angoissante claustrophobie. Calme blanc fonctionne aussigrâce à un script très efficace, très intense dans sa cruauté, qui ne laisse quetrès peu de moments de répit au spectateur. Les interprètes sont tout à faitremarquables. Sam Neill et Nicole Kidman sont excellents et forment, malgré leurdifférence d'âge assez marquée, un couple très crédible. Billy Zane évoque un MalonBrando juvénile pris d'intermitentes crises de cabotinage assez intense : on lui pardonnenéanmoins ; après tout son personnages n'est-il pas censé être fou ? La dernièredemi-heure est d'une très grande puissance, et parvient à faire fonctionner à merveilleplusieurs suspens parallèles (l'évasion de Higgie ; Rae à la recherche de John ; Johnluttant pour survivre sur l'Orpheus...) et est soutenue par la superbe et envoûtantemusique de Graeme Revell (en fait, dans cette partie du métrage, il s'agit de longuesvariations d'un morceau de l'album de SPK Zamia Lehmanni).
Calme blanc est donc un très bon thriller. Fonctionnant sur un schémaclassique, il se distingue néanmoins par une excellente exploitation de son singuliercontexte maritime et une interprétation de très haut niveau. Calme blanc seratrès remarqué, notamment aux USA où il lancera les carrières hollywoodiennes ducompositeur Graeme Revell, de Nicole Kidman et de Billy Zane. Il va aussi permettre àPhilip Noyce de devenir un réalisateur de thrillers à Hollywood (Jeux de guerre(1992) et Danger immédiat (1994) avec Harrison Ford, Sliver (1993) avecSharon Stone, Le saint...).
Bibliographie consultée :