TocCyclopédie ■ Époques

Après la mort de leur enfant dans un terrible accident de voiture, Rae et John partent faire une longue croisière pour se ressourcer, seuls à bord de leur voilier. Leur route croise un navire dont tous les voyageurs, sauf un, ont péri. Rae et John recueillent le survivant...



Calme blanc est l'adaptation d'un roman de Charles Williams qu'Orson Welles (CitizenKane (1941)...) avait déjà tenté de porter à l'écran à la fin des années 1960
mais le tournage avait du être interrompu à cause de problèmes d'argent, et Welles a
définitivement abandonné le projet suite à la mort d'un des acteurs au début desannées 1970. Des années plus tard, le réalisateur australien Philip Noyce et sesproducteurs parviennent à convaincre la veuve d'Orson Welles, qui détenait le droitscinématographiques de cette oeuvre, de les laisser tenter de tourner à nouveau ce film.Philip Noyce n'était pas un débutant : il avait déjà fait plusieurs films enAustralie, dont Newsfront (1978) qui lui avait valu un prix du meilleurréalisateur décerné par l'Australian Film Institute. Calme blanc est notammentproduit par George Miller, réalisateur devenu internationalement célèbre grâce à latrilogie Mad Max (1981), Mad Max 2 (1982) et Mad Max, Au-delà duDôme du Tonnerre (1985). L'adaptation du roman de Charles Williams est signée duscénariste Terry Hayes (Mad Max 2, Vertical limit (2000) de MartinCampbell, From hell (2001)...). La photographie est assurée par lechef-opérateur australien Dean Semler (Mad Max 2, Razorback (1984) deRussel Mulcahy, Danse avec les loups (1990) de Kevin Costner...). C'est aussi unedes premières compositions pour le cinéma de Graeme Revell (Jusqu'au bout du monde(1991) de Wim Wenders, Chasse à l'homme (1993) de John Woo, The crow(1994)...), bien connu auparavant pour avoir appartenu au groupe de musique industrielSPK, qui signa dans les années 1980 deux albums incontournables : les magnifiques SePuKuet Zamia Lehmanni. Parmi les acteurs principaux, Sam Neill (La malédictionfinale (1981) de Graham Baker, Possession (1981) d'Andrzej Zulawski, L'antrede la folie (1995) de John Carpenter...) était déjà un comédien de réputationinternationale. Par contre, Nicole Kidman (Eyes wide shut (1999) de Kubrick, Lesautres (2001) de'Alejandro Amenabar...) était peu connue hors d'Australie, et avaitété repérée par Noyce dans Vietnam, une mini-série TV produite par GeorgeMiller. De même Billy Zane (la série TV Twin Peaks, Titanic (1997) deJames Cameron...) était alors cantonné au seconds rôles et aux productionstélévisés.
Calme blanc s'ouvre sur un prologue, en forme de flash back, d'une grandeintensité Il nous présente sans détour la terrible tragédie familiale vécue par Raeet John Ingram. En effet, leur jeune fils est mort dans un terrible accident de voiture,alors que sa mère était au volant. Rae elle-même en est sortie complètementtraumatisée. L'évènement nous est montré avec une crudité extrêmement spectaculaire,d'autant plus pénible pour le spectateur qu'il est déjà prévenu qu'il va avoir lieu :en effet, les séquences du flash back sont montées à rebours, et on voit John apprendreque sa famille a eu un accident avant de voir l'accident lui-même. En quelques minutes,on est ainsi familiarisé avec un drame très profond vécu par les personnages, et onressent aussi tôt une profonde sympathie pour eux. John et Rae vont tenter de sereconstruire ensemble en partant vers une longue croisière en voilier, seuls, en mer.Pourtant leur moment de solitude va être brisé par l'arrivée d'un étrange naufragé :Higgie Warriner qui dit avoir fui en barque un yacht en perdition (l'Orpheus) dans lequeltous les autres passagers ont péri suite à une intoxication alimentaire foudroyante.Après avoir entendu son histoire, John est sceptique et, après avoir enfermé Higgiedans une cabine, il part explorer le yacht. En fait, le jeune homme est un dangereuxpsychopathe : il parvient à s'échapper et, après avoir assommé Rae, il fuit avec levoilier des Ingram, laissant John seul à bord de l'Orpheus, qui est en fait en train decouler...


Dès lors le récit se déploie en deux suspens simultanés et parallèles. D'une part,John se retrouve à bord du yacht en perdition, dont le moteur est noyé et dont la coqueprend l'eau. Marin aguerri, il parvient à remettre en marche les fonctions principales dunavire. Il découvre aussi de nombreux éléments révélant que les passagers del'Orpheus ont été massacrés suite à de violentes mésententes. Il comprend alors queHiggie est dangereux. A l'aide d'une radio fonctionnant tant bien que mal, il parvient àcommuniquer durant de courts moments avec Rae, qui est restée à bord du voilier avec lepsychopathe...


En effet, l'autre partie du suspens va reposer sur la confrontation entre la fragile Raeet le déséquilibré Higgie, qui, sous ses airs de playboy, cachent en fait un dangereuxpsychopathe. On se retrouve donc dans la situation classique du huis-clos dans lequel desvictimes impuissantes, qui pourraient être vous ou moi, sont harcelés et persécutéspar un imprévisible sadique, avec lequel il va falloir jouer à un éprouvant jeu du chatet de la souris pour parvenir à, au moins, rester en vie le plus longtemps possible. Toutcela rappelle de nombreux autres films : le chef d'oeuvre Key Largo (1948) deJohn Huston (Humphrey Bogart et Lauren Bacall y sont malmenés par une bande une bande degangsters commandée par Edward G. Robinson) ; La maison des otages (1955) deWilliam Wyler (des évadés font irruption dans une maison et prennent en otage la famillequi y vit) ; Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962) (une vieille fille aigrie(Bette Davis) persécute sa sœur paralysée (Joan Crawford)) ; Seule dans la nuit(1967) de Terence Young (une aveugle (Audrey Hepburn) est harcelée par un gangstersadique à la recherche d'un paquet de drogue caché dans son appartement) ; le génial Hitcher(1986) de Robert Harmon (un jeune homme chargé de convoyer une voiture à traversles USA est attaqué par un auto-stoppeur dément (Rutger Hauer)) ; Misery (1990)de Rob Reiner (un écrivain célèbre (James Caan) est séquestré et martyrisé par unede ses fans (Kathy Bates)), Funny games (1994) de l'autrichien Michael Haneke(deux jeunes maniaques s'introduisent dans la maison d'une famille bourgeoise à laquelleils vont faire vivre un enfer)...


Bref, il s'agit là d'une situation archi-classique que Noyce parvient néanmoinstranscender par sa réalisation, en jouant très habilement sur le contraste entre lesespaces infinis de l'océan et les cabines et coursives confinées des bateaux,génératrices d'une angoissante claustrophobie. Calme blanc fonctionne aussigrâce à un script très efficace, très intense dans sa cruauté, qui ne laisse quetrès peu de moments de répit au spectateur. Les interprètes sont tout à faitremarquables. Sam Neill et Nicole Kidman sont excellents et forment, malgré leurdifférence d'âge assez marquée, un couple très crédible. Billy Zane évoque un MalonBrando juvénile pris d'intermitentes crises de cabotinage assez intense : on lui pardonnenéanmoins ; après tout son personnages n'est-il pas censé être fou ? La dernièredemi-heure est d'une très grande puissance, et parvient à faire fonctionner à merveilleplusieurs suspens parallèles (l'évasion de Higgie ; Rae à la recherche de John ; Johnluttant pour survivre sur l'Orpheus...) et est soutenue par la superbe et envoûtantemusique de Graeme Revell (en fait, dans cette partie du métrage, il s'agit de longuesvariations d'un morceau de l'album de SPK Zamia Lehmanni).


Calme blanc est donc un très bon thriller. Fonctionnant sur un schémaclassique, il se distingue néanmoins par une excellente exploitation de son singuliercontexte maritime et une interprétation de très haut niveau. Calme blanc seratrès remarqué, notamment aux USA où il lancera les carrières hollywoodiennes ducompositeur Graeme Revell, de Nicole Kidman et de Billy Zane. Il va aussi permettre àPhilip Noyce de devenir un réalisateur de thrillers à Hollywood (Jeux de guerre(1992) et Danger immédiat (1994) avec Harrison Ford, Sliver (1993) avecSharon Stone, Le saint...).



Bibliographie consultée
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Plouf !
■ Vonv
Ca fait un bail que j'ai vu ce film donc je ne vais pas m'étendre dessus... mais rien que dans mon souvenir, j'en frissonne encore.

Ce film est un chef d'oeuvre de boat-movie. Comme dit Manu, le cadre est super bien utilsé et je me suis ainsi laissé prendre au jeu du scénario bien ficelé et assez dérangeant.

A louer pour se faire peur avant de partir en vacances sur un bateau :)
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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