Sharon Golban, une archéologue israélienne, découvre les ossements d'un homme crucifié, qui pourraient être ceux du Christ. Si cela s'avérait exact, le dogme de sa résurrection serait remis en cause. L'Eglise romaine envoie sur place le père Guttierez, un prêtre d'origine sud-américaine, pour enquêter sur cette affaire...
Le tombeau a été tourné en 1999 et 2000 à Rome et en Israël, c'est à diresur les lieux de l'action du roman de Richard Ben Sapir dont il est l'adaptation. Il aété écrit et dirigé par Jonas MacCord, qui, outre la rédaction de quelquesscénarios, n'avait en fait travaillé en tant que réalisateur que sur la série TV Lescontes de la crypte. Le rôle du père Guttierez est tenu par Antonio Banderas,acteur espagnol qui s'est imposé progressivement à Hollywood au cours des années 1990 (Assassins(1995) avec Stallone, Le masque de Zorro (1998), Le treizième guerrier (1999)de John Mc Tiernan...). A ses côtés, on trouve Olivia Williams (Postman (1997)de Kevin Costner, Sixième sens (1999)...), Derek Jacobi (La grande menace(1978) avec Richard Burton, la série TV Cadfael...), Jason Flemyng (Arnaques,crimes et botanique (1998) de Guy Pearce, Bruiser (2000) de GeorgeRomero...)...
Comme on le voit, le récit d'aventures archéologiques est ici avant tout unprétexte à un thriller religieux et politique. Toutefois, le dépaysement est assurépar l'exotisme des sites de tournage (Jérusalem, Rome...) et certaines séquenceslorgnent clairement vers le cinéma d'action. Ce qui me semble assez intéressant dans Letombeau, notamment en tant qu'inspi pour L'appel de Cthulhu, c'est lamanière dont le récit souligne bien qu'au-delà de la découverte même des trésors,l'archéologie, qui semble apparemment ne concerner le passé, peut avoir desrépercussions sur le présent et se trouver au centre de conflits d'intérêtcontemporains très aiguës et complexes. C'est ici particulièrement le cas, puisque ladécouverte d'un corps, dont certains indices semblent indiquer qu'il pourrait être celuidu Christ, pourrait faire vaciller la religion catholique. L'existence de ces reliquesdans un caveau pourrait en effet remettre en cause la foi en la résurrection du Christ.Les autorités papales vont alors tout mettre en oeuvre pour étouffer cette affaire,avant même que les résultats définitifs des recherches archéologiques ne soientétablis...
Prudent, Le tombeau renvoie un peu tout le monde dos à dos dans sa descriptionde la situation en Israël. Le point de vue du film est de dénoncer le mauvais ménageque politique et religion font ensemble. Il va opposer, dans chaque camp, un bon et unméchant, en sombrant hélas dans un certain schématisme. L'archéologue Sharon, veuve deguerre, tente d'oublier la dureté du présent en se plongeant dans l'archéologie, qui vatoutefois la ramener cruellement dans les conflits du présent ; son pendant négatif estMoshe Cohen, homme politique israélien ambitieux et intriguant, dont les rapports avecles services secrets et le camps ultra-orthodoxe sont ambiguës. Chez les catholiques, lesautorités religieuses de Rome sont incarnées par des évêques complotant etmalveillants, tandis que les braves pères Guttierez et Lavelle sont manipulés sansscrupule. Quand aux palestiniens, ils sont incarnés d'une part par un leader terroristesans scrupule, et d'autre part par un honnête père de famille qui se sacrifiera poursauver Sharon et ses enfants.
On nage alors souvent dans la caricature la plus grossière : les juifs ultra-orthodoxesont très portés sur la lapidation, le chef des terroristes palestiniens fait penser àun méchant échappé d'une aventure de James Bond, le Vatican ne semble peuplé qued'évêques machiavéliques... A force de vouloir réduire une situation complexe à desaffrontements schématiques, Le tombeau finit par sembler maladroit etinvraisemblable. Cela se retrouve encore dans certaines descriptions des personnages,notamment les prêtres hyper-décontractés incarnés par Banderas et Flemyng, quiconversent avec nonchalance, comme une paire de flics issus d'une série TV comme Starskyet Hutch ! De même, le suicide du père Lavelle, alors qu'il n'a pas encore lamoindre preuve que "le corps" soit celui du Christ, peut sembler arriver troptôt, surtout de la part d'un homme qui est supposé être un historien rigoureux.
La réalisation de Jonas McCord est, de son côté, tout juste correcte. Certes, onimagine que les conditions de tournage à Tel-Aviv et à Jérusalem, ont du être, pour lemoins, difficiles et tendues. Néanmoins, le style reste tout de même trop plat, ycompris pendant les rares séquences d'action (l'attentat, l'assaut du QG desterroristes...). Le récit peut sembler évoluer de façon assez chaotique, mais,pourtant, il est suffisamment riche pour ne jamais être ennuyeux ou excessivement lent.
Le tombeau laisse donc le spectateur sur une impression assez mitigée. Projetaudacieux et original d'une part, il est tout de même embarrassant par la présentationassez grossière de ses personnages et de ses évènements. Cela est d'autant plus gênantque le film semble pourtant vouloir aborder la situation d'une façon réaliste. Redoutantsans doute une polémique, les distributeurs ne laissèrent que peu de chances à ce film
- il n'est sorti, à la va-vite, que dans quelques grandes villes américaines avant
Merci à l'équipe de DeVilDead pour le prêt dece DVD.
Bibliographie consultée :