TocCyclopédie ■ Époques

Deux adolescents, Darry et sa sœur Trish, traversent une région rurale et déserte en voiture. En passant devant une vieille église abandonnée, ils aperçoivent un personnage étrange en train de lancer un paquet sanglant dans un trou. Darry est intrigué...



Jeepers creepers a été réalisé et écrit par Victor Salva pour la compagnieindépendante American Zoetrope, dirigée par Francis Ford Coppola. Victor Salva a étéremarqué par Coppola grâce à un court-métrage en super-8, et American Zoetrope aproduit son premier long métrage d'épouvante Clownhouse (1988). Mais Salva estensuite condamné à six ans de prison et de traitement après pour avoir eu des relationssexuelles avec un garçon mineur. Salva a ensuite produit Powder (1995) un filmde science-fiction mélodramatique ainsi que quelques thrillers à petits budgets.Finalement, American Zoetrope produit ce Jeepers creepers pour un budget modeste(10 millions de dollars). On ne retrouve donc pas de star au casting. Ainsi les deuxjeunes acteurs ont auparavant tourné avant tout pour la télévision (Gina Philips estune habituée de la série Ally McBeal ; Jason Long apparaît dans la série Edet il tient aussi un petit rôle dans la sympathique comédie Galaxy quest)...Le Creepers est incarné par Jonathan Breck (Spiders (2001) de Gary Jones...).
Jeepers creepers prend grand soin de présenter de façon assez originale sesdeux personnages principaux : Darry et sa sœur Trish. Les premières secondes dumétrage jouent déjà nettement sur une certaine ambiguïté en nous laissant croire, letemps de quelques échanges de dialogues, que ce sont des amants en voyage. Ce n'est queprogressivement que le spectateur saisit la nature du lien de fratrie qui les unie. Sansêtre explicite, le récit semble indiquer aussi la vraisemblable homosexualité de Darry(le jeu sur les plaques d'immatriculation, la petite rose tatouée sous le nombril, ladiscussion à propos du policier du restaurant...). Les femmes vont tenir dans le récitun rôle protecteur, tandis que Darry et Trish entretiennent des relations teintés decomplicité, de tendresse, mais aussi de cruauté et de jalousie parfois. Tout cela estplutôt bien développé et assez original : la mise en avant d'un jeune personnage gay(il n'a rien d'un faire-valoir) dans un film d'horreur destiné à un public avant toutadolescent paraît ainsi assez audacieux. La construction du drame autour d'un couplefrère/sœur renforce aussi la dimension enfantine, proche d'un conte de fée, durécit (on pense ainsi à Hansel et Gretel des Grimm, ou au film La nuit duchasseur (1955) de Charles Laughton, dans lequel deux enfants sont traqués par unfaux-pasteur...).


La situation horrible qu'ils vont vivre va s'inscrire dans un contexte géographiquedevenu assez classique dans l'épouvante américaine depuis les années 60-70 : lacampagne, les espaces ruraux, mal connus, méprisés, et aussi un peu craints par lescitadins. Ainsi, dans 2000 maniacs (1964) de Herschell Gordon Lewis, desvoyageurs étaient victimes de villageois sudistes affligés d'un sens de la fête trèsspécial ; dans Délivrance (1972) de John Boorman, des touristes sontpersécutés par des cajuns cruels... Surtout, dans Massacre à la tronçonneuse(1974) de Tobe Hooper (que Salva affirme n'avoir pas vu), des texans dégénéréspoussent très loin le culte de la viande rouge ; et dans La colline a des yeux(1977) de Wes Craven, des vacanciers perdus sont les proies d'une tribu de dégénéréscannibales... Toutefois, à cette conception traditionnelle des maniaques ruraux, Jeeperscreepers a rajouté une dimension fantastique.


En effet, le Creeper, personnage redoutable que vont devoir affronter les deux jeunesgens, va nous révéler très progressivement son essence surnaturelle. Le script semontre en effet assez astucieux : tout semble indiquer, dans un premier temps, qu'on aaffaire à un criminel très dérangé, mais néanmoins bien humain. Il roule dans uncamion sinistre, se cache dans une cave où il pratique des hobbies très macabres (onpense à nouveau à Massacre à la tronçonneuse)... Pourtant, son caractèrefantastique va être révélé progressivement. Il s'agit bien, en fait, d'un monstretrès proche des croquemitaines surnaturels qui ont sévi dans les années 80 (Freddy dansLes griffes de la nuit (1984), Jason zombifiés à partir de Meurtres entrois dimensions (1982) de Steve Miner, Candyman (1992)...). On retrouvedonc, sous un très traditionnel maquillage en latex, une créature infernale douée depouvoirs étonnants. Néanmoins, le Creeper se distingue de ses illustres prédécesseurspar son comportement d'une perversité parfois ambiguë : il pratique un baiser profondsur une tête coupée pour ensuite lui arracher la langue à coup de dents, lèche levisage de ses victimes, semble fasciner par leurs odeurs... Tout cela lui donne unedimension assez vicieuse et sensuelle qui joue, comme Freddy en son  temps, sur lafascination mêlée de répulsion que ressentent les adolescents pour la sexualité afinde terroriser ses jeunes victimes. Toutefois, les motivations du Creeper souffrent derester bien obscures et confuses. De même certains de ses caractères (invulnérabilité,ses pirouettes dans les airs, certains aspects de son maquillage...) détruisent un peu sacrédibilité et son efficacité.


Durant la première heure du métrage, Salva réussit très habilement à créer uneambiance fort angoissante. En ayant recours à un répertoire assez classique (la grandesilhouette sans visage du tueur, le camion sans pilote visible, le repère sous-terrain ethorrible du monstre...), il compose un univers macabre et inquiétant dont les élémentsne sont révélés que très progressivement (l'exploration du refuge du Creeper est à cetitre une belle réussite). Salva nous implique aussi en nous faisant partager la terreurdes victimes du monstre avec beaucoup de réalisme (le regard du garçon découvert dansle refuge, l'attitude prostrée de Darry après cette exploration...). Très habilement,encore, le chaud et le froid sont soufflés alternativement, en laissant quelques répitsau spectateur afin de mieux le surprendre un peu plus loin. De même, les refugesclassiques du film d'horreur s'avèrent moins surs que d'habitude, ce qui garantit ànouveau un certain effet de surprise : une escorte policière n'est guère une protectionbien efficace, et même le sacro-saint commissariat peut être dévasté (tout celarappelle Hitcher (1986)). Regrettons tout de même que Jeepers creepers dégénèrenettement dans ses dernières séquences : la rencontre avec la femme aux chats donne lieuà des passages quasi-comiques, tandis que le dénouement manque gravement de nerf,malgré son déjà fameux dernier plan, fort réussi. Salva avoue avoir du renoncer àpeaufiner la fin de son film pour des raisons de budget : plus de vingt minutes prévuesinitialement dans la second moitié du métrage n'ont pas pu être tournées.


Jeepers creepers est donc un bon film, notamment grâce à une première heureextrêmement classique et efficace. Arrivé sur les écrans américains en juillet 2001,il a été très bien accueilli par la critique spécialisée qui y a vu le contre-pointde la vague des néo-slahers dérivés de Scream (1996), vague qui était, detoute façon, définitivement (ou momentanément ?) morte au cinéma après la parodie Scarymovie (2000). Il a aussi rencontré un très confortable succès commercial qui aentraîné la rapide mise en chantier d'une suite par Victor Salva.


Bibliographie consultée :

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Excellente surprise
■ Fab 11/10/2004
Je n'avais pas voulu voir ce film à sa sortie car la bande annonce me faisait penser à un néo-slasher débile style Scream et cie... Bin, j'me suis gourré ! Voilà effectivement un film d'horreur original fait dans les règles de l'art et avec un profond respect pour le genre (tout comme L'antre de la Folie d'ailleurs). Certes la dernière partie est un peu décevante par rapport au début et certains effets spéciaux ne sont pas tip-top (le Creepers qui vole notamment). Mais on passe un excellent moment, surtout si vous avez une installation home-cinéma chez vous : poussez le son et comptez le nombre de fois où vous sursautez !

Pour les amateurs Jeepers Creepers 2 est également très bien, on en apprend par ailleurs un peu plus sur la bestiole et certaines scènes d'action sont réellement excellentes ! Mais cela est une autre histoire, et nue autre fiche... qui n'existe pas encore !
Ca change.....
■ Louis le Dodu 20/01/2004
Oui en effet ce film change des productions teen-movie-slaher-étudiante-gros-seins-naïves...
En effet ce film semble plus sombre, plus morbide sans tomber dans l'excès et ressemble plus à un film des années 70.
De plus, loin des situations des films débiles où les héros perdent des clefs, voiture qui démarre pas, je tourne en rond pour m'échapper.....
Des choses bien originales, musiques, le camion (excellent), la fin (malgré un gros blanc).

Par contre le monstre est pas convaincant de près, les motivations de la créature ?
La médium limite inutile, la créature parait trop invincible.
Bon film tout de même dans cette période de vaches maigres.
La fin alternative
■ Pierre62 08/07/2003
Sur le DVD de cet excellent film, on peut voir une fin alternative qui explique mieux pourquoi la créature choisit le jeune garçon comme victime
Ouech :O)
■ Tovarich
Et bien ça faisait longtemps ke je n'avais pas vu de film d'horreur innovant ! Une nouvelle figure mythique serait elle née ? Aprés Jason Voorhees,Mike Myers,Freddy Krueger et otres,le creeper serait il parti pour les rejoindre dans le "hall of fame" ?
La cronique du film sur TOC est trés bien écrite mais j'aimerais kand méme souligné ke les pirouettes renforcent au contraire la crédibilité du "streumon",car cela prouve bien ke c un creature intelligente et pleine de ressources,pas comme certains ki resteraient betement planté sur place prét a se faire rentrer dedans...et de plus,cela renforce la peur des deux victimes,peur ki jsutement rend plus delectable les victimes dont se repait le creeper !
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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