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Après la mort de Dracula, les paysans de la région vivent encore dans la crainte. Un religieux, monsignore Muller, exorcise le château, le rendant ainsi inaccessible aux créatures des ténèbres. Pourtant, au cours de cette expédition, le sang d'un prêtre versé accidentellement va faire revenir à la vie Dracula. Le prince des ténèbres est alors bien décidé à se venger de Muller, notamment en s'en prenant à la nièce de celui-ci...



Amorcé avec Dracula, prince des ténèbres (1966) de Terence Fisher, l'accord dedistribution entre la petite compagnie britannique Hammer, spécialisée dans le cinémad'épouvante, et la grosse firme hollywoodienne 20th Century Fox, qui ditribuait ses films en Amérique, va prendre fin suite auxrésultats commercialement décevants de certains films, comme Les vierges de Satan(1968). Or, la Hammer est extrêmement dépendante de ses commanditaires américains :heureusement, Warner, qui distribuait déjà les films Hammer en Grande-Bretagne, prend le relais pour l'exploitation de ses oeuvres aux USA. Le premierfilm né de cette nouvelle union fera appel au comte Dracula, personnage-vedette de la Hammer : cesera Dracula et les femmes. Il faut bien voir qu'à partir du milieu des années1960, les films reprenant les idées de la Hammer vont se multiplier à travers le monde,notamment dans le domaine du film de vampires : citons A taste of blood (1967) deH. G. Lewis, le maître du gore ; Le viol du vampire (1969) du français JeanRollin ; Le vampire a soif (1969) de l'anglais Vernon Sewell... On ne s'étonneguère que, au milieu de cette déferlante, apparaisse une parodie : le célèbre Lebal des vampires (1967) de Roman Polanski, qui ne connaîtra qu'un médiocre succèsà sa sortie. La Hammer pense d'abord à confier la réalisation de Dracula et lesfemmes à Terence Fisher (Le cauchemar de Dracula (1958)...), mais celui-cise casse la jambe ; on fait alors appel à Freddie Francis, très productif dans lesannées 1960 en matière de fantastique (il avait notamment réaliser L'empreinte deFrankenstein (1964) pour la Hammer). A nouveau, Christopher Lee (Le cauchemar deDracula...) est sollicité pour interpréter Dracula, bien que l'idée de reprendrece rôle ne lui plaisait guère (il avouait ne pas aimer ce nouveau scénario). A sescôtés, on trouve des acteurs tels que Rupert Davies (Le grand inquisiteur (1968)avec Vincent Price, La maison ensorcelée (1968) avec Boris Karloff...) ou VeronicaCarlson (Le retour de Frankenstein (1969) de Fisher, Les horreurs deFrankenstein (1970) de Jimmy Sangster...)...
Dracula et les femmes a le mérite de se situer directement dans la continuitéde Dracula, prince des ténèbres, le précédent film de la Hammer consacré àce grand mythe du fantastique. Alors que le comte démoniaque finissait englouti dans unlac, on retrouve ici son corps dans une rivière glacée des alentours. Après sa mort,les paysans superstitieux vivent encore dans la terreur de sa présence, et refuse mêmede se rendre à la messe lorsque l'ombre de son sinistre château touche l'église duvillage. Un évêque de passage décide de prendre des mesures énergiques et se rend àla sinistre bâtisse afin de l'exorciser : il place un lourd crucifix sur la porte du château, eninterdisant ainsi l'accès à toute créature malfaisante. Or, suite à un accident, lesang d'un prêtre va couler sur les lèvres du cadavre de Dracula, lui rendant ainsi lavie : le vampire s'empresse de faire de ce prêtre son esclave servile, à l'aide deses terribles pouvoirs. Incapable de rentrer dans son château suite à l'exorcismepratiqué par Muller, Dracula veut se venger de cet évêque. Il se rend à la ville, biendécidé à faire de la vierge Maria, la nièce de Muller, sa compagne d'éternité!


Toute cette partie du film, constituant en fait son prologue, est fort réussie. On yretrouve le talent des techniciens de la Hammer, alors au sommet de leur forme : lesdécors de Bernard Robinson (Le cauchemar de Dracula...) sont toujours aussimagnifiques (l'église, le village, les toits de la ville...), la musique de James Bernardest très efficace et la photographie d'Arthur Grant (La nuit du loup-garou(1961)...) reste irréprochable et raffinée. Freddie Francis, avant d'être réalisateur,est surtout connu comme un très grand chef-opérateur (Les innocents (1960) deJack Clayton, Elephant man (1980) de David Lynch...) : la réalisation, lecadrage, le découpage, les mouvements de caméra et les éclairages sont toujoursextrêmement soignés et élégants. La découverte du cadavre dans l'église au toutdébut du métrage est très réussie, tout comme l'expédition des religieux jusqu'ausinistre château.


Pourtant, lorsque Lee apparaît en Dracula, le spectateur commence à sentir planer unléger doute : se complaisant dans un cabotinage crispant, l'acteur fait plus sourire que peur.Puis, le récit se ralentit gravement. La romance entre un étudiant et la nièce deMuller est envahissante et ennuyeuse. Pendant ce temps, Dracula vit des aventures peupalpitantes : il installe son refuge dans la cave d'une auberge fréquentée par de jeunescarabins. Tout cela manque de rythme et d'envergure ! Monsignore Muller est un personnagequi semble un adversaire à la hauteur de Dracula, mais, hélas, il cèdera vite laplace à un jeune premier manquant de stature et de maturité. La bonneimpression laissée par le premier quart d'heure du métrage se dissipent et lespectateur finit par s'ennuyer devant ce récit sans épaisseur.


Toutefois, Dracula et les femmes est un peu sauvé par une fin plus convaincante,bien qu'inégale. Suivant la mode d'une certaine surenchère dans la violence (on estproche chronologiquement de La nuit des morts-vivants (1968) de Romero et de Lahorde sauvage (1969) de Peckinpah), le sang coule en abondance chaque fois quel'occasion se présente. Toutefois, certains détails laissent planer un léger parfum dedécadence. Ainsi, même avec un pieu profondément planté dans le coeur, ondécouvre que Dracula n'est pas vaincu : il faut, en plus, réciter quelques prières pourle neutraliser définitivement. Cela nous vaut la vision, étonnante, de Draculas'arrachant un pieu de son coeur, d'où se déversent des litres de sang bouillonnant. Il serafinalement vaincu dans un final plutôt correct, même si, encore une fois, ChristopherLee aurait gagné à y être dirigé avec plus de fermeté.


Dracula et les femmes est donc une déception dans le cycle des Dracula de laHammer. Malgré un travail technique et une ambiance gothique parfaitement réussis, ilsouffre d'un scénario particulièrement faible. Toutefois, on appréciequelques séquences forts réussies, telles les poursuites sur les toits ou le prologuedans le village hanté par la présence diffuse de Dracula. Malgré ses faiblesse, Draculaet les femmes bénéficiera d'une promotion très active et finira par se révélerêtre le plus gros succès de la firme Hammer. Elle va alors persévérer dansl'exploitation de ses mythes les plus populaires en sortant très régulièrement desfilms de vampires (Une messe pour Dracula (1970), Comtesse Dracula(1971), Le cirque des vampires (1972)...) jusqu'en 1974, qui marquera lequasi-arrêt de la production d'oeuvres par cette firme.



Bibliographie consultée :

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