Les frères Gecko sont deux gangsters en cavale. Ils veulent passer la frontière pour aller au Mexique. Ils prennent en otage un pasteur et ses deux enfants. Après avoir réussi à passer la frontière, ils se rendent dans une boîte où on leur a donné rendez-vous...
Après Desperado (1995), Robert Rodriguez travailla avec Quentin Tarantino, qui savourait alors le succès du Pulp fiction (1994). Tarantino est ici responsable du scénario. Il joue aussi de façon très convaincante le rôle de Richard Gecko, psychopathe notoire. On remarque aussi Harvey Keitel utilisé à contre-emploi (il joue le rôle d'un pasteur pacifiste!), mais toujours aussi brillant. Le rôle de Sex Machine, est tenu par Tom Savini. Savini est avant tout un spécialiste des effets spéciaux. Il a été un des premiers à réaliser des trucages gore réussis et réalistes. Photographe au Vietnam, il dit s'être inspiré de ce qu'il a vu pendant la guerre pour son travail. Sa plus fameuse réussite est la boucherie ininterrompue de Zombie (1978) réalisé par George Romero, dont le niveau de réalisme n'avait jamais été atteint au cinéma auparavant. Il a travaillé sur d'autres films de Romero (Creepshow (1982), Le jour des morts-vivants (1985)...) et sur d'autres films d'horreur célèbres comme Maniac (1980) de William Lustig ou Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham.
A partir du moment où les personnages arrivent au Mexique, le film change de ton. On passe dans un univers de BD beaucoup plus proche de Desperado que des films de Tarantino. Le personnage joué par le réalisateur perd de son importance à ce moment. On arrive dans un bordel mexicain au décor baroque couvert de néons, qui n'est pas sans rappeler l'antre du sorcier dans Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (1985) de John Carpenter, version tex-mex! On a même le droit à un brin d'érotisme (topless, ce qui pour un film US est déjà beaucoup). On remarque d'ailleurs que la violence et l'érotisme ont valu à ce film des problèmes de censure (Allemagne...). A partir de là, le film marche sur les traces des grands moments du cinéma gore que sont Zombie ou Braindead (1992) de Peter Jackson. On décapite et on empale à tour de bras. Malheureusement, il semble que la quantité ait été préférée à la qualité. Les maquillages sont assez moyens. L'utilisation abondante de morphings aujourd'hui démodés parait discutable. La réalisation sombre dans le foutoir le plus complet, et l'attention du spectateur se relâche un peu.
Évidemment, comme dans tous les films marqués par Tarantino, les références à d'autres réalisateurs abondent (John Carpenter, Georges Romero, Terence Fischer, Katheryn Bigelow...) et les morceaux de rock sélectionnés sont excellents (Mavericks, ZZ Top...). Malgré une fin un peu moyenne, le film se laisse quand même regarder sans déplaisir, et tout le début est vraiment excellent. On ne s'ennuie pas une seconde, et les acteurs sont vraiment très bons. Tarantino et Rodriguez ont ensuite produit deux autres Nuit en enfer directement pour la vidéo. Un "making of" de 97 minutes existe pour ce film sous le titre de Full Tilt Boogie.