TocCyclopédie ■ Époques

Ulrik est un homme marié avec deux enfants. Mais un matin, il se réveille dans un lit plein de sang et ne retrouve pas sa famille. Sachant qu'il est victime de crises de somnambulisme, il se demande si il n'a pas commis, malgré lui, un crime irréparable...



Sleepwalker est le premier long métrage du réalisateur suédois Johannes Runeborg. Il a préparé ce récit durant neuf années avec son scénariste Johan Brännström. Il pensait au départ élaboré un pur film d'horreur, puis, petit à petit, leur récit a inclus de plus en plus d'éléments issu du thriller. On note encore une fois qu'après les succès internationaux des films des danois Lars Von Trier (la série TV L'hôpital et ses fantômes, Dancer in the dark (2000)...) et Ole Bornedal (Nightwatch (1994)...), les films policiers et fantastiques ont commencé à se multiplier en Europe du Nord (ainsi l'Allemagne nous a récemment proposé Anatomie (2000) de Stefan Ruzowitzky et Sept jours pour vivre (2000) de Sebastian Niemann). Mais il faut aussi noter que, dans l'Europe entière, le thriller est un genre assez représenté (Jeux de rôles (1999) de Mateo Gil en Espagne, Les rivières pourpres (2000) de Mathieu Kassovitz en France, Nonhosonno (2001) de Dario Argento en Italie...). C'est donc au tour de la Suède de nous proposer sa variante locale de ce genre avec ce Sleepwalker...

Le ressort essentiel du récit sont donc les crises d'insomnie de son personnage principal, Ulrik Hansson. Il va se retrouver dans une situation insolite pour un récit policier : incapable de se souvenir des actes qu'il commet au cours de son sommeil, il est à la fois un coupable potentiel et un enquêteur cherchant à reconstituer ses propres faits et gestes. Pour ce faire, il va se fixer une petite caméra numérique sur l'épaule qui enregistrera ses déplacements et ses actes. Le démarrage de Sleepwalker est donc assez fascinant et s'inscrit dans la tradition de ces thrillers psychologiques dans lesquels le personnage principal doit affronter ses désordres mentaux (Sueurs froides (1958) de Hitchcock, Le syndrome de Stendhal (1996) de Dario Argento...). On apprécie alors l'interprétation très réussie de Ralph Carlsson.

Malheureusement, la narration s'effrite assez rapidement. On quitte le personnage d'Ulrik pour suivre une enquête policière fastidieuse et très lente, menée par des agents peu nerveux. Les fausses pistes se succèdent et les impasses se multiplient un peu trop. De plus, on est embarrassé par certaines incohérences flagrantes et par des coïncidences un peu trop "grosses" pour être avalées docilement par le spectateur...

Pourtant, le dénouement va tout expliquer et justifier, grâce à une révélation finale très surprenante... et aussi très décevante et malhonnête. Certes, il n'y a pas de mal à faire des films tarabiscotés : Argento (Ténèbres (1982)...), Hitchcock (Soupçons (1941)...) ou Brian De Palma (Snake eyes (1998)...) sont de sacrés manipulateurs ! Dans certaines oeuvres réussies, un rebondissement final donne un sens à l'intégralité des scènes étranges qui l'ont précédée (Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg...) : mais ici, cette surprise ne semble servir qu'à annuler les 90 inégales minutes de métrage qui l'ont précédée. Le spectateur qui s'est donné le mal de suivre l'intrigue jusqu'au bout peut donc se sentir assez frustré de voir l'ensemble du récit se faire escamoter d'une façon assez inélégante.

Malgré une réalisation correcte et l'interprétation attachante de Ralph Carlsson, Sleepwalker laisse donc le spectateur sur une impression de déception. Assez ennuyeux pendant ses deux derniers tiers, sa conclusion-retournement (le procédé a quand même été assez éventé récemment, avec des films comme Usual suspects (1995) ou Sixième sens (1999)...) frustre plus qu'elle ne surprend.

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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