Un tueur masqué sévit dans une petite ville des Etats-Unis. Il ne s'en prend qu'à des adolescents...
En 1996, le cinéma d'épouvante était assez mal en point. Le mouvement de restauration des mythes classiques qui avait plutôt bien commencé (avec Entretien avec un vampire (1994) et Dracula (1992)) fera long feu avec Frankenstein (1994) de Kenneth Branagh et Wolf (1994) avec Jack Nicholson. Les séries de slasher à tueurs récurrents mises en place dans les années 80 (Freddy, Halloween ou Vendredi 13) ont de moins en moins de succès. Ceux qui cherchaient leurs lots de frissons devaient se rabattre sur la série TV X-files ou sur des films sortant directement en vidéo. Parallèlement, Quentin Tarantino avait réalisé Reservoir dogs (1992) et Pulp fiction (1994). Il y abordait le genre policier avec beaucoup d'ironie, de citations et de distance. Dimension, une filiale de Walt Disney destinée à surfer sur cette vague entre le cinéma "indépendant" et le cinéma de genre, réunit un petit budget et demanda à Wes Craven (Les griffes de la nuit (1986), La dernière maison sur la gauche (1972)...) de réaliser un film. On utilisa un script de Kevin Williamson, qui était dans la lignée du travail de Tarantino. Scream fût un énorme succès et eut deux suites. De nombreux sous-produits apparurent dans une grande vague des néo-slashers (Souviens-toi l'été dernier (1997), Urban legends (1998)...).
On remarque d'ailleurs que l'essentiel du métrage consiste en une comédie adolescente assez horripilante et mièvre, où l'enjeu principal est de savoir si Sidney surmontera son traumatisme sexuel et acceptera de coucher avec Billy. On est plus proche des séries Hartley les curs à vif ou du dégoulinant Dawson (autre méfait de Kevin Williamson) que de Massacre à la tronçonneuse (1974)! Le meurtrier se prend des coins de porte dans le figure ou glisse sur des carrelages humides: il ne paraît pas bien redoutable. On remarque aussi que si certains interprètes se défendent très bien (Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox...), d'autres sont parfaitement insupportables (Matthew Lillard, Skeet Ulrich...).
Heureusement, Wes Craven parvient à faire quelques scènes réellement efficaces. Le premier meurtre est dans l'ensemble réussi. Le final sanglant est impressionnant, avec notamment cette scène étonnante où les meurtries se poignardent mutuellement. Malheureusement, entre ces deux scènes, on doit subir une longue et antipathique comédie adolescente, indigne du réalisateur de Les griffes de la nuit ou de L'emprise des ténèbres (1988).