Jennifer, la fille d'un célèbre acteur arrive dans une école en Suisse. Mais dans cette région, un tueur assassine des jeunes filles. Jennifer se rend compte qu'elle peut communiquer avec les insectes...
Ce film a été réalisé en 1985 par Dario Argento (Suspiria (1977), Le syndrome de Stendhal (1996)...). C'est un mélange de "giallo" (thriller à l'italienne, dont Argento est un des maîtres) et de film fantastique. Il est sorti mutilé dans de nombreux pays (trop long et trop gore pour les distributeurs anglais, américains ou français). Il a été assez mal accueilli par la critique et le public. Certains fans ultra-intégristes d'Argento considèrent que ce film est le le début du déclin de ce réalisateur. Le rôle principal était tenu par la très belle Jennifer Connelly (Il était une fois en Amérique (1984) de Sergio Leone, Dark city (1998) d'Alex Proyas...), qui avait alors treize ans. A ces côtés, on reconnaît de nombreuses vedettes du cinéma d'épouvante, comme Donald Pleasance (Halloween (1978) de John Carpenter, Cul-de-sac (1965) de Roman Polanski...) ou Daria Nicolodi, compagne de Dario Argento à l'époque.
Argento installe l'action en Suisse et restitue une ambiance typique de ce coin de l'Europe (et aussi de l'Italie du nord, de la Bavière, ou de l'Autriche). On retrouve cette fascination pour une certaine culture germanique qui était déjà perceptible dans Suspiria censé se passer en Allemagne. Dans Phenomena, il décrit un pays propre, calme, silencieux et conservateur. Mais derrière cette façade et ces petits chalets aux balcons fleuris se cachent une folie et une laideur enchainées, refoulées et cachées dans des caves profondes ou des asiles d'aliénés. C'est l'explosion de ce désordre si soigneusement dissimulé qui va entraîner une succession de meurtres ignobles.
Jennifer, la jeune américaine arrive dans ce monde étrange. Elle est sensible au caractère oppressant de cette région. Ses camarades et les enseignants la rejettent car elle est "différente", donc sans doute folle (Jennifer est somnambule et communique avec les insectes). Mais elle trouve le réconfort auprès d'un vieil entomologiste. Devenu paraplégique à la suite un accident de voiture, il a aussi expérimenté l'hypocrisie et la méfiance des gens "normaux". Jennifer Connelly et Donald Pleasance interprètent à merveille ce couple de personnages touchants et complices.
La nature n'est pas seulement importante pour les paysages montagneux. Elle se manifeste aussi à travers les insectes, amis de Jennifer, et la guenon qui aide le vieux savant. Ces animaux seront le seul recours efficace pour aider Jennifer à traverser les épreuves qui l'attendent. Elle essaie en effet de retrouver le mystérieux assassin qui hante la région, et qui a tué une de ses amies. La narration est, comme souvent chez Argento, étrange, illogique, proche d'un cauchemar ou d'un rêve. Le final est à ce titre un des moments les plus étonnants de sa filmographie.
La musique a été composée par des musiciens très différents. On trouve le groupe Goblin, indissociable des films d'Argento (Suspiria, Les frissons de l'angoisse (1975)...), mais aussi Iron Maiden, Bill Wyman (le bassiste des Rolling Stones), ou Motorhead qui a écrit pour ce film un génial "Locomotive". Cela permet au film d'avoir des ambiances très variées et inattendues.
Phenomena est très original dans la filmographie d'Argento. Il est moins tributaire de l'influence de Mario Bava (Six femmes pour l'assassin (1964)...) que ses oeuvres antérieures. Il mélange une ambiance mélancolique et une violence horrifique très efficace. C'est un des meilleurs films de Dario Argento, même si ce n'est pas sa réalisation la plus facilement abordable.