Sir Karell, un aristocrate, est retrouvé assassiné dans son château Tchécoslovaque. Il semble que cet acte terrible ait été commis par des vampires. Un spécialiste des sciences occultes, le professeur Zelen, vient mener l'enquête...
Après son prodigieux La monstrueuse parade (1932), Tod Browning (Dracula (1931)...) réalisa Fast workers (1933), un drame romantique, pour la compagnie MGM. Toujours pour la même firme, il retourne au cinéma de l'insolite avec ce La marque du vampire réalisée en plein âge d'or du cinéma américain fantastique. Il s'agit en fait d'un remake de Londres après minuit (1927), qu'interprétait Lon Chaney (L'inconnu (1927) de Tod Browning, Le fantôme de l'opéra (1925)...).
Dans La marque du vampire, on apprécie avant tout l'atmosphère fantastique très réussie des séquences dans lesquelles des faits irrationnels se produisent. Ainsi, les apparitions magnétiques du comte Mora et de sa fille Luna au milieu des ruines d'un cimetière, parmi les toiles d'araignée d'un vieil escalier, ou dans une crypte sinistre, sont des joyaux noirs de cinéma envoûtant. Browning parvient aussi, quand le récit l'exige, à imprimer à son film une bonne dose de nervosité, de fluidité et d'humour. Il faut encore remarquer l'homogénéité et le talent d'un casting remarquablement choisi et dirigé : Lionel Barrymore (La vie est belle (1946) de Frank Capra...) ; Jean Hersholt (Les rapaces (1925) d'Erich von Stroheim...) ; Donald Meek (La chevauchée fantastique (1939) de John Ford...)...).
L'intrigue, à la fois touffue et astucieuse, repose sur une habile imbrication entre la réalité et l'imaginaire, entre le vrai et le faux. Dans cette construction complexe et très originale, on va assister à des déplacements surprenants du fantastique et de l'étrange qui, en fin de compte, ne se trouveront pas toujours là où on les attend. Ainsi, la séquence finale se permet de tourner malicieusement en dérision les conventions et les artifices du cinéma fantastique, et ce une bonne soixantaine d'années avant Scream (1996) de Wes Craven !
On va ainsi voir s'emmêler plusieurs intrigues compliquées, où la simulation et la manipulation des apparences tiendront un rôle très important, ce qui n'a rien d'étonnant dans la filmographie de Browning : on se rappelle que, dans L'inconnu, Alonzo se faisait passer pour un manchot ; dans L'oiseau noir (1926), Lon Chaney, incarnait deux personnages aux caractères opposés et liés par un terrible secret ; dans Le club des trois (1925), des cambrioleurs se déguisent pour faire des mauvais coup (un nain se fait passer pour un enfant et un ventriloque pour sa grand-mère). Dans La monstrueuse parade, on assistera d'ailleurs à un renversement, puisque c'est le fait que les "monstres" NE soient PAS déguisés qui provoque l'horreur et l'étrangeté.
La marque du vampire souffre tout de même d'une narration assez inégale et, par moment, terriblement confuse. Cela peut gêner le spectateur qui peut avoir du mal à comprendre qui a fait quoi, où et quand... On appréciera néanmoins l'originalité de ce scénario, l'atmosphère étrange très convaincante de certaines séquences et la qualité irréprochable de l'interprétation.