En 1895, trois archéologues britanniques explorent en Egypte la sépulture inviolée de la princesse Anaka. Trois ans plus tard, en Angleterre, ils doivent affronter la vengeance de Kharis, la momie chargée de surveiller cette tombe.
En 1959, la compagnie Hammer et son réalisateur Terence Fisher, après les succès de Frankenstein s'est échappé (1957) et Le cauchemar de Dracula (1958), ont le vent bien en poupe. Ils parviennent à imposer leur esthétique gothique au public international et rendent leur popularité aux mythologies de l'épouvante, tombées en désuétude pendant les années 1950. Cette fois-ci, ils réunissent leur équipe habituelle (les comédiens Peter Cushing et Christopher Lee, le décorateur Bernard Robinson, le chef-opérateur Jack Asher...) pour la première version "made in Hammer" de La momie (1932) réalisé en son temps par Karl Freund pour L'Universal.
Ici, Terence Fisher va se contenter de piocher dans La main de la momie et La tombe de la momie, en restituants ces intrigues dans le cadre historique et géographique favori de la Hammer : la vengeance de Kharis ne se déroulera pas dans l'Egypte exotique des années 20 et aux USA, mais dans une lande britannique brumeuse et inquiétante, à la toute fin du XIXème siècle. On y retrouvera donc une atmosphère Gaslight et british, ainsi que les superbes éclairages colorés qui signent le travail du directeur de la photographie Jack Asher.
Malheureusement, La malédiction des pharaons souffre d'un scénario assez fastidieux. La première heure est désespérante par sa lenteur et ses bavardages explicatifs particulièrement lourds : le scénariste Jimmy Sangster (Frankenstein s'est échappé...) nous avait habitué à mieux ! Dans les flash-back historiques, la reconstitution de l'Egypte antique n'est guère convaincante : l'étroitesse des décors (la tombe, le temple funéraire...) et l'anonymat du morceau de jungle bâtie en studio ne correspondent en rien à l'image grandiose qu'on peut se faire du temps des pharaons. Quant à la momie, elle est bien peu fascinante dans cette première partie du métrage : son interprète, Christopher Lee, se contente d'agiter les bras en avançant d'un pas lourd, comme il le faisait déjà dans Frankenstein s'est échappé!. Cet automate maladroit n'est guère attachant, surtout si on le compare à l'extraordinaire interprétation de Boris Karloff dans La momie.
Heureusement, la dernière demi-heure finit enfin par trouver un certain rythme. L'affrontement verbal entre l'archéologue John Banning (interprété par un Peter Cushing irréprochable) et le prêtre Mehemet Bey, filmé avec virtuosité par Fisher, parvient à atteindre une vraie densité dramatique. Kharis devient assez attachant, à partir du moment où il croit reconnaître en Isobel Banning son antique maîtresse. De même, sa fin pathétique dans un marais fumant et nocturne, est un morceau de cinéma fantastique assez réussi.
Malheureusement, cette fin ne parvient pas à rattraper le sentiment mitigé laissé par la longue première heure de cette oeuvre trop inégale pour être une vraie réussite.