TocCyclopédie ■ Époques

David et Jack, deux touristes américains, s'égarent dans un territoire sauvage du nord de l'Angleterre. Ils y sont attaqués par un loup-garou. Jack est tué, mais David survit à ses blessures. Transporté à Londres, il y apprend qu'il pourrait être devenu lui-même un loup-garou...



Bien qu'il soit apparu dans des films d'horreur britanniques (La nuit du loup-garou (1961) de Terence Fisher pour la Hammer...) ou américains (Le loup-garou de Washington (1973) de Milton Moses Ginsberg...), le loup-garou n'a pas autant bénéficié du renouveau des mythes fantastiques amorcé par la compagnie britannique Hammer (Frankenstein s'est échappé ! (1957) de Terence Fisher...) que le professeur Frankenstein ou le comte Dracula. Néanmoins, en Espagne, l'acteur Paul Naschy (Jacinto Molina de son vrai nom, ancien haltérophile) interpréta plus d'une dizaine de fois le personnage du lycanthrope Waldemar Daninsky, dans des films dont il est parfois le scénariste, ou même le réalisateur : cette série, commencée par Les vampires du docteur Dracula (1968), a surtout culminé au cours des années 1970 ; un des dernier de ses films de loup-garous est Licántropo: El asesino de la luna llena (1996). Peu connu de nos jours en France, Paul Naschy reste tout de même populaire en Espagne, où le Roi Juan Carlos lui a récemment remis la prestigieuse médaille des Beaux Arts ! Mais, à part cette exception ibérique, le film de loup-garou était un genre bien moribond à la fin des années 1970, notamment dans les pays anglo-saxons. Pourtant, deux films consacrés à ce mythe poilu et réalisés par des américains allaient sortir au début des années 1980 et changer cet ordre des choses : Hurlements (1980) de Joe Dante (Gremlins (1984)...) et Le loup-garou de Londres (1981) de John Landis.
John Landis avait commencé sa carrière de réalisateur en bricolant Schlock (1971), dans lequel un monstre simiesque s'éprend d'une jeune fille aveugle : il s'agit d'un hommage humoristique à King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Mais il lui faudra attendre Hamburger Film Sandwich (1977), écrit par Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker (les auteurs de Y-a--t-il un pilote dans l'avion ? (1980)...) pour diriger son second film : cette oeuvre à sketchs délirante devient un film-culte aux USA et lance véritablement sa carrière. Ensuite vient une autre comédie : American college (1978), co-écrit par Harold Ramis (réalisateur de Un jour sans fin (1993)...) et interprété par John Belushi (alors une des vedettes du show télévisé comique Saturday Night Live), est une parodie de la vie des "colleges" américains des années 1960. C'est un énorme succès, et John Landis réalise ensuite, avec un très gros budget, Les Blues brothers (1981), son film le plus célèbre, racontant une course-poursuite délirante à travers les USA et rendant un hommage singulier à la musique noire américaine.

Puis, il retourne à son goût pour le cinéma fantastique, en réalisant Le loup-garou de Londres, un projet plus modeste. Les rôles principaux y sont tenus par David Naughton (Body bags (1993) de John Carpenter et Tobe Hooper...) et Griffin Dune (After hours (1986) de Martin Scorsese...). Les effets spéciaux ont valu un Oscar à Rick Baker, qui a été ainsi catapulté comme un des grands spécialistes du maquillage : il a encore été oscarisé pour le Yéti de Bigfoot et les Henderson (1987) de William Dear ; la transformation de Martin Landau en Bela Lugosi vieilli dans Ed Wood (1994) de Tim Burton ; la spectaculaire prise de poids d'Eddie Murphy dans Le professeur Foldingue (1996) de Tom Shaydac ; les extra-terrestres de Men in black (1997) de Barry Sonnenfeld ; et le maquillage porté par Jim Carrey dans Le Grinch (2000) de Ron Howard !

Le loup-garou de Londres a été écrit par John Landis dès 1969, c'est à dire avant même qu'il ne réalise son premier film Shlock. Il se trouvait alors en Yougoslavie où il participait au tournage du film de De l'or pour des braves (1970) de Brian G. Hutton, avec Clint Eastwood et Don Sutherland. Cet américain de Chicago est alors confronté à des éléments du folklore d'Europe central, qui lui inspirent l'histoire de ce film : un touriste américain isolé est victime d'une malédiction médiévale en pleine Grande-Bretagne. Cela rappelle d'ailleurs l'intrigue de Le loup-garou (1941) (auquel Le loup-garou de Londres fait plusieurs fois références) dans lequel Lon Chaney jr joue le rôle d'un jeune homme vivant aux USA qui retourne sur les terres de ses ancêtres, au pays de Galles, pour l'enterrement de son frère : il y est alors mordu par un loup-garou et devient ainsi lycanthrope. Cette opposition entre l'univers rationnel des américains et les légendes fantastiques de l'Europe ancienne et rurale est encore soulignée dans Le loup-garou de Londres par l'usage fréquent et inattendu dans la bande-son de chansons folk ou rock faisant référence à la lune (Van Morrisson, Sam Cooke...).

Par de nombreux aspects, Le loup-garou de Londres reste très fidèle à l'esprit des films d'horreur traditionnels. La mythologie du loup-garou est présentée de manière à la fois sérieuse et innovante : ainsi, on retrouve la transmission de la lycanthropie par la morsure d'un loup-garou et les métamorphoses durant les nuits de pleine lune. Mais, en plus, les victimes dévorées par les loups-garous sont condamnées à être des âmes en peine, errant dans les limbes, jusqu'à ce que le dernier porteur de la malédiction soit tué. Les scènes d'agression sont d'une violence impressionnante, voire franchement gore. La fameuse métamorphose, réalisé par Rick Baker à l'aide de maquillages et d'effets mécaniques aujourd'hui encore très spectaculaires, est, elle aussi, traitée avec sérieux et efficacité. De magnifiques séquences oniriques sont très originales, comme cette extraordinaire attaque de la famille juive de David par des loups-garous habillés en soldats SS, ou les courses à travers une vaste forêt brumeuse filmées à la steadycam. Dans la tradition des grands films de loup-garou (Le loup-garou, La nuit du loup-garou...), l'aspect tragique de cette malédiction, qui transforme, la nuit tombée, une personne pacifique et sympathique en une bête sanguinaire, est nettement soulignée. Ainsi, la fin du film évoque la conclusion émouvante de King Kong.

Par certains aspects, John Landis propose une vision plus moderne du film de loup-garou : les personnages principaux sont des jeunes gens assez décontractés, et l'intrigue se déroule en grande partie dans le Londres urbain des années 1980. Cette histoire refuse donc de recourir à des clichés gothiques et s'inscrit délibérément dans un contexte réaliste. Des éléments de comédie sont aussi présents, ce qui n'est pas anormal si on regarde la filmographie essentiellement comique de John Landis. L'humour est situé en grande partie dans les dialogues et sert surtout à rendre les personnages du film plus vivants et attachants : sa présence ne vient que rarement nuire à l'atmosphère inquiétante et fantastique de Le loup-garou de Londres. Il est même souvent noir et macabre (la rencontre entre David et les spectres sanglants de ses victimes dans un cinéma porno...), ce qui participe à la tonalité désespérée de cette oeuvre. Une scène de carambolage particulièrement spectaculaire, en plein cœur de Londres, rappelle Les Blues brothers : mais, alors que, dans ce dernier film, les destructions des voitures de police sont avant tout un spectacle délirant et cinématographique, on voit, dans Le loup-garou de Londres de nombreux passants et automobilistes se faire écraser ou tuer dans cet accident effroyable et complètement glaçant.

Au milieu du film, des séquences retracent la romance entre David et son infirmière : si ses scènes contribuent à rendre les personnages sympathiques, elles ralentissent un peu trop le récit. De même, le casting manque de personnalité. Heureusement, la réalisation extrêmement dynamique de John Landis est toujours présente et imprime à ce film un rythme suffisamment efficace pour qu'on ne s'ennuie jamais longtemps. Le loup-garou de Londres est un mélange réussi et unique entre un cinéma d'épouvante tragique et efficace et des séquences d'humour souvent macabres et pessimistes. Ce film allait, tout comme Hurlements, connaître un très gros succès et entraîner la réalisation de plusieurs films de loup-garou : La compagnie des loups (1984) de Neil Jordan, Peur bleue (1985) de Daniel Attias, d'après un livre de Stephen King... John Landis avait prévu de faire une suite appelée An american werewolf in Paris, mais le projet sera juger trop onéreux par les producteurs. Finalement, cette suite (Le loup-garou de Paris (1997)) sera réalisé beaucoup plus tard par Anthony Waller et n'aura que peu de rapport avec le projet prévu par John Landis.

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HOWWWWWWW
■ Azathoth 13/01/2005
Regardé alors que j'étais seul chez moi, en soirée, ce film m'a terrifié. La première scène qui se déroule sur la lande d'Ecosse est tout bonnement un concentré d'épouvante. L'ambiance qui s'en dégage n'est pas sans rappeler celle des années 20, dans un scenario faisant partie de la campagne des Masques. La suite du film oscille entre terreur pure et humour noir. Les scènes se déroulant à Londres sont de toute beauté, nous décrivant un côté généralement assez peu montré dans des films se déroulant à Londres (le métro, par exemple) et le monstre est tout simplement terrifiant. J'en fais encore des cauchemars, c'est vous dire.
Nous montrant la lente descente d'un individu vers la bestialité, son incrédulité, puis, peu à peu la terreur qui le saisit, ce film est véritablement incontournable. Un must.
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