Antoine est un jeune pique-assiette désargenté qui passe ses nuits à tenter de s'incruster dans les soirées parisiennes les plus en vue. Mais, un soir, un homme lui propose un million de francs pour retrouver un dénommé Jordan qui a la particularité de ne sortir que la nuit...
Les morsures de l'aube est la première réalisation d'Antoine De Caunes, ancien comique de Canal + reconverti récemment en acteur de cinéma (L'homme est une femme comme les autres (1998)...). Le scénario a été écrit d'après un roman de Tonino Benacquista par Laurent Chalumeau, qui, entre autres, participait à l'écriture des sketchs de De Caunes pour Nulle part ailleurs. Les rôles principaux sont tenus par Guillaume Canet (La plage (2000) de Danny Boyle...), Gérard Lanvin (Les spécialistes (1984) de Patrice Leconte, Le goût des autres (1999) d'Agnès Jaoui...) et Asia Argento (Le syndrome de Stendhal (1996) et Le fantôme de l'opéra (1998)...) de Dario Argento...). On remarque dans les seconds rôles des comédiens typiquement franchouillards (Vincent Perez, José Garcia...). Après des succès populaires comme Entretien avec en vampire (1994) de Neil Jordan ou Vampires (1998) de John Carpenter, c'est donc à la France de nous offrir une histoire remettant à l'ordre du jour le mythe des vampires.
Malheureusement, cette intrigue a aussi le défaut de se disperser dans des sketchs, pas toujours très drôles, sur les noctambules parisiens: on rend ainsi visite à un club échangiste peuplé de beaufs (on pense alors à monsieur Bite-en-bois des sketchs de NPA), à un bar de rockers (là, c'est plutôt Dédé l'embrouille)... sans que cela soit toujours vraiment nécessaire pour faire progresser le récit. Tout cela est empreint d'un goût de la caricature un peu bête et parfois trop facile. Par moment (Dogman, les TBM...), on pense même aux œuvres crétinoïdes de Jan Kounen (Dobermann (1997)...). Bref tout cela sent bon le cliché et le trash artificiel et puéril. On regrette encore un final au Palais de Chaillot décevant qui, à force de vouloir jouer l'ambiguïté, laisse Les morsures de l'aube s'achever le cul entre deux chaises, de manière assez frustrante pour le spectateur.
Pourtant, l'ensemble parvient à avoir un certain rythme, et on ne peut pas dire qu'on s'ennuie réellement. On remarque aussi les excellentes performances de Guillaume Canet et Gérard Lanvin, tout deux très attachants, à la fois modestes et talentueux. On apprécie encore les apparitions (hélas bien rares) d'Asia Argento en vampire vénéneuse à l'accent italien irrésistible: elle semble bien plus à l'aise ici que dans le rôle de la prude Christine dans Le fantôme de l'opéra. D'autre part, la photographie réussie parvient à rendre l'atmosphère et la beauté singulière des rues nocturnes parisiennes.
Bref, il est clair que Les morsures de l'aube a des défauts assez gênants: sa façon de vouloir jouer sur plusieurs tableaux (comédie, film noir, fantastique) laisse assez dubitatif et son intrigue est trop lâche pour vraiment convaincre l'amateur de récit policier. Néanmoins, les comédiens attachants et une atmosphère soignée en font un produit consommable pour les plus indulgents.