Alors qu'un de ses amis peint son portrait, le jeune Dorian Gray émet le souhait que le tableau vieillisse à sa place. Son vœu se réalise. La peinture vieillit et reflète la corruption de son âme, sans que son allure juvénile, pure et noble, n'en pâtisse...
Cette adaptation du célèbre roman de l'irlandais Oscar Wilde a été réalisée aux USA par Albert Lewin (
Pandora (1951) avec Ava Gardner et James Mason...). Elle est remarquablement interprétée par Hurd Hatfield (
L'étrangleur de Boston (1968)...) et George Sanders (
Eve (1950)...). On remarque aussi la jeune Angela Lansbury, qu'on retrouvera en vieille dame perspicace dans la série télé
Arabesque.
La réalisation de
Le portrait de Dorian Gray évoque le meilleur du cinéma classique américain. L'interprétation y est irréprochable: George Sanders, comme toujours impeccable, incarne un beau parleur cynique, et Hurd Hatfield est étonnant dans le rôle d'un Dorian Gray frémissant, au visage lisse et lumineux. La photographie en noir et blanc est constamment magnifique. On remarque aussi les somptueux décors qui soulignent le contraste entre les intérieurs raffinés dans lesquels évolue la haute société à laquelle appartient Dorian, et les quartiers lépreux dans lequels il assouvit ses vices innommables. Pour sa restitution formidable de l'Angleterre victorienne,
Le portrait de Dorian Gray est recommandé aux amateurs d'atmosphères "Gaslight". Comme d'autres films de la même époque (
Dr. Jeckyl et Mr. Hyde (1941) de Victor Fleming,
La féline (1942) de Jacques Tourneur...),
Le portrait de Dorian Gray préfère l'installation d'une ambiance sombre et subtile à l'accumulation de scènes violentes et choquantes. Ainsi, certaines séquences parviennent à être tout à fait saisissantes (le meurtre, l'auberge avec le dessinateur...) sans pour autant recourir a des effets horrifiques classiques.
On appréciera surtout la finesse de la description des personnages. Après une déception sentimentale, Dorian Gray décide de vivre sans se soucier de la morale étouffante de son époque. Grâce au lien étrange qui le lie à son portrait, il peut détruire son âme en se vautrant avec masochisme dans les plaisirs et les vices les plus immoraux,et ce sans que son visage n'affiche les stigmates de sa déchéance. Seul le tableau devient un peu plus hideux, jour après jour. Ce film restitue très bien le contenu du roman, avec beaucoup d'intelligence. Par contre, on regrettera que la réalisation soit tout de même un peu trop classique, un peu trop guindée, voire parfois légèrement ennuyeuse. Le recours fréquent à la voix off peut paraître un peu lassant et scolaire par endroit.
Néanmoins, grâce à son atmosphère particulière, à la qualité de son interprétation et à la subtilité de son propos,
Le portrait de Dorian Gray est un film remarquable qui évoque avec intelligence le prix terrible payé par celui qui choisit de vivre sans se soucier de la morale.
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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