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Après un séjour en Amérique, Larry Talbot retourne dans sa région d'origine, la pays de Galles, où sa famille possède un manoir. Mais, un soir, il est attaqué et mordu par un loup. Il parvient néanmoins à tuer la bête féroce à l'aide d'une canne dotée d'un pommeau d'argent...



Le loup-garou est un des célèbres films de la Universal qui, depuis Le fantôme de l'opéra (1925) et surtout Dracula (1931), mettait en place un véritable panthéon du cinéma d'horreur (Frankenstein (1931), L'homme invisible (1933), La momie (1932)...). Cette compagnie avait déjà tenté de lancer la carrière cinématographique du loup-garou avec Le monstre de Londres (1935) de Stuart Walker, mais cet essai ne fût pas convaincant. C'est donc grâce à Le loup-garou que le personnage classique de Larry Talbot, homme victime de lycanthropie chronique, allait devenir LE loup-garou de référence de l'âge d'or du cinéma américain: on le retrouva ainsi fréquemment dans des productions Universal (Frankenstein rencontre le loup-garou (1943), La maison de Dracula (1945)...). Le rôle titre est tenu par Lon Chaney Jr. qui devait devenir une vedette de films d'horreur et interpréter les grands rôles du répertoire classique de ce genre (Le fantôme de momie (1944), Le fantôme de Frankenstein (1942)...) ; comme son nom l'indique, il est le fils de Lon Chaney, le mythique comédien du muet, pionnier du cinéma fantastique américain (Notre-Dame de Paris (1923), Le fantôme de l'opéra (1925)...). On remarque aussi une courte apparition de Bela Lugosi (Dracula...) ainsi que la présence de Claude Rains (L'homme invisible, Le fantôme de l'opéra (1943)...). Auparavant, le réalisateur George Waggner avait surtout travaillé sur des westerns ; il avait déjà collaboré avec Lon Chaney Jr. pour un film fantastique Universal : L'évadé de la chaise électrique (1941).
C'est avec ce film que la mythologie du loup-garou, présente dans les légendes populaires européennes depuis le moyen-âge, se met solidement en place dans le cinéma fantastique américain. Larry Talbot, mordu par un loup-garou, contracte la lycanthropie, une étrange maladie / malédiction : les nuits de pleine lune, il se transforme en un être mi-homme, mi-loup, terriblement violent. On ne peut l'abattre qu'avec une arme en argent. Comme dans Docteur Jekyll et Mr. Hyde (1931), c'est la dualité de la condition humaine qui est ici mise en avant : la malédiction fait rejaillir le caractère profondément brutal et impulsif de l'homme. La part animale finit par l'emporter sur l'intelligence et la conscience de Larry Talbot. Il devient alors, et bien malgré lui, un danger pour ses amis et sa famille. Ce personnage, victime de pulsions incontrôlables, ne pouvait que séduire le public américain des années 40, assez féru de sujets psychanalytiques (La maison du docteur Edwards (1945) et Les enchaînés (1946) d'Alfred Hitchcock, Dr. Jekyll et Mr. Hyde (1941) de Victor Fleming...). On note d'ailleurs que la RKO allait proposé très rapidement une version féminine du loup-garou avec La féline (1942) de Jacques Tourneur.

On retrouve dans Le loup-garou les qualités des meilleures œuvres de la Universal. Les magnifiques décors de studio évoquent une Europe romanesque et onirique (comme dans Frankenstein ou Dracula...), et ils sont somptueusement photographiés dans un noir et blanc fantastique. On se régalera particulièrement de cette forêt étrange et très brumeuse dans laquelle résonnent les hurlements des loups affamés, ainsi que de cet extraordinaire camp de bohémiens, plein de secrets et de légendes. On retrouve aussi quelques éléments classiques de l'épouvante gothique, comme le cimetière nocturne ou la crypte ombragée. Quand au maquillage du monstre, réalisé par le légendaire Jack Pierce (Frankenstein La momie...), il s'agit à nouveau d'une réussite indémodable. Enfin, comme dans La fiancée de Frankenstein (1935) ou L'homme invisible, le caractère pathétique, et au fond très humain, du monstre est souligné par ce récit au final mélodramatique.

Comme il se doit, la narration est solide et bien rythmée. La réalisation, de son côté, sait se faire alternativement discrète ou délirante (les attaques du loup-garou), selon les exigences de l'histoire. On peut regretter qu'elle soit tout de même un peu trop anonyme et moins innovante que celle de grands réalisateurs de la Universal, comme James Whale (Frankenstein...) ou Tod Browning (Dracula...). L'interprétation est aussi légèrement inégale. Si Bela Lugosi et Claude Rains sont irréprochables, Lon Chaney Jr. n'égale pas les performances de ces comédiens talentueux : son jeu est souvent lourd et un peu maladroit. Toutefois, sa sincérité suffit à rendre tout le tragique de son personnage déchiré entre deux identités opposées et inconciliables.

Malgré quelques petits défauts, Le loup-garou parvient, et c'est bien l'essentiel, à rester fidèle à l'ambiance unique des meilleurs films Universal. Ce sera toutefois, avec L'étrange créature du lac noir (1954) de Jack Arnold, une des dernières œuvres de cette compagnie à parvenir à imposer un de ses "Grands Monstres" à l'imaginaire collectif des cinéphiles.

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