Un prêtre découvre que la venue de l'antéchrist sur Terre est prévue dans... vingt-quatre heures! Il cherche alors à rentrer en contact avec Satan pour déjouer ses plans...
Le réalisateur Alex de La Iglesia est considéré comme un de réalisateurs les plus prometteurs du cinéma espagnol actuel, connu pour son agressivité décapante héritée de réalisateurs comme Almodovar. Il s'est d'abord fait connaître avec une parodie de film de science-fiction, Action Mutante (1993), dont le succès lui a permis de faire Le jour de la bête, qui est cette fois une comédie d'horreur. On retrouve Alex Angulo et Santiago Segura (aussi réalisateur du thriller trash et parodique Torrente (1998)...), déjà présents dans Action Mutante.
Un des grands atouts de cette œuvre est son excellent script (ce qui est d'ailleurs un progrès par rapport au très inégal Action mutante): très bien construit, ponctué de nombreux rebondissements, il immerge avec succès le spectateur dans une atmosphère In Nomine Satanis très convaincante. Menée à un train d'enfer, l'histoire ne laisse pas le temps de s'ennuyer un instant. En plus la réalisation de La Iglesia réussit à éviter la lenteur et la mollesse qui handicape la plupart des films de genre espagnols récents (La secte sans nom (1999), Entre les jambes (1999), Jeu de rôles (2000)...): l'énergie, la fluidité et la vivacité de son travail font penser aux meilleures œuvres de Peter Jackson (Braindead (1992)...) ou Sam Raimi (Evil dead (1982)...).
Pourtant, on regrette que certains moments soient un peu confus: par exemple, je n'ai pas trop compris ce qui se passait dans la séquence finale! Il est aussi dommage que, en voulant privilégié l'action avant tout, Iglesia ait un peu négligé les personnages, souvent réduits à des caricatures gesticulantes. Ce même sens de la caricature, s'il fait parfois mouche (la mère de Jose Maria...), sombre aussi de temps en temps dans la facilité et la puérilité. De même, la tentative d'amorcer un discours social tourne très vite court: les commandos d'extrème-droite "nettoyant" la ville semblent n'être là que pour "faire trash", sans servir aucune véritable thématique.
Pourtant, l'efficacité de l'ensemble de Le jour de la bête, son rythme trépidant, son humour et sa réalisation nerveuse en font un film distrayant, qu'on regardera comme on feuillette une BD, assis entre deux rayonnages de la FNAC, un après-midi oisif.