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En 1762, le sorcier Joseph Curwen s'apprête à jeter une jeune fille en pâture au monstre qu'il garde dans la crypte de son château. Mais il est interrompu par l'arrivée des paysans d'Arkham qui en ont assez de ses exactions. Ils brûlent ce personnage malfaisant. Un siècle plus tard, Charles Dexter Ward, descendant direct de Curwen, vient prendre possession du vieux château abandonné dont il a hérité...



Le réalisateur américain Roger Corman était surtout célèbre grâce à ses adaptations cinématographiques d'Edgar Poe pour la compagnie A.I.P (fondée en 1954 par James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff, avec l'aide de Corman) : L'enterré vivant (1962) ou La chute de la maison Usher (1960) par exemple. Montrant de  nombreuses similitudes stylistiques avec le cinéma d'épouvante gothique britannique qui triomphait à la fin des années 50, elles avaient beaucoup de succès. Ces films sont indissociables de l'acteur Vincent Price qui en était la vedette. Lassé des histoires de Poe, Corman décida de porter à l'écran un roman de Lovecraft, écrivain dont l'oeuvre n'avait alors jamais été adaptée au cinéma. Mais les producteurs prirent peur et lui demandèrent de rajouter des éléments inspirés d'un poème de l'auteur du Corbeau. Le réalisateur accepta, mais il avoua plus tard regretter d'avoir fait trop de compromis.
La malédiction d'Arkham est donc basé sur le roman de Lovecraft L'affaire Charles Dexter Ward. Dans la tradition du cinéma d'horreur gothique, il situe l'action à la fin d'un XIXème nocturne et embrumé. Si ce parti-pris convient parfaitement à une adaptation des écrits d'Edgar Poe, il peut sembler moins intéressant dans le cas qui nous intéresse. De même, la maison des Ward, avec ses grands escaliers et ses torches fixées au murs, évoque plus les décors d'un film de la compagnie Hammer qu'une ambiance cthulienne. Au niveau du scénario, le sort de résurrection a été abandonné: Curwen se contente de "posséder" le corps de son descendant comme un simple esprit baladeur. Néanmoins, il y a des choses très Lovecraftiennes: Curwen est un sorcier qui cherche à entrer en contact avec Cthulhu et Yog-Sothoth. Il souhaite aussi créer une race hybride entre ces dieux et les hommes: évidemment, le résultat de ses expériences laisse à désirer. Le livre sur lequel il base ses recherches est le Necronomicon, dont il possède un bel exemplaire à fermoirs métalliques. Pour finir, il garde même un monstre tentaculaire géant dans sa crypte, au fond d'un puits.  Mais si on sent bien une volonté de retranscrire l'univers de Lovecraft, on a de nombreuses scènes qui sentent beaucoup trop le Poe réchauffé: une fois la nuit tombée, la jeune épouse de Charles ère un chandelier à la main dans les couloirs et les escaliers du vieux manoir; Curwen est épris d'une femme morte depuis un siècle, et enlace son corps pourri... Ces séquences, même si elles sont réussies, semblent en décalage avec l'histoire de Charles Dexter Ward. On a clairement l'impression de sauter d'un univers à l'autre, assez maladroitement, tout au long du film. La malédiction d'Arkham paraît donc hésitant: il manque de rythme et de cohérence. On remarque aussi des longueurs bavardes: on cherche à rassembler à travers des explications ennuyeuses les éléments épars de l'histoire.

Pourtant, on échappe au ratage complet grâce a l'excellent travail des techniciens qui entouraient Corman. Les décors de Daniel Haller et la photographie superbe de Floyd Crosby créent une atmosphère magnifique qui fait presque oublier la petite taille de certains décors (la ville d'Arkham se limite à un trottoir le long d'une route sableuse...) ou le caractère rudimentaire des effets spéciaux. Vincent Price réussit à interpréter le double rôle de Charles Dexter Ward/Joseph Curwen de façon très convaincante (même si Curwen aurait pu être un peu moins ricanant). Et surtout Ronald Stein compose une musique absolument géniale.

Tout cela permet à La malédiction d'Arkham de rester un spectacle agréable, agrémenté de quelques scènes impressionnantes (la fin, l'exploration du manoir par Ann Ward...). On regrettera tout de même que son aspect hybride et son scénario mal foutu l'empêchent d'être plus réussi.

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Brushing !
■ Vonv 14/04/2015
Brushings, déshabillé, sur-jouage, musique grandiloquente.... pas facile quand même, ça a salement vieilli...
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