A Antonia Bay, une petite ville portuaire de Californie du nord, un vieux loup de mer raconte à des enfants une légende: il y a tout juste cent ans, un navire s'est échoué sur des récifs au large de la ville. Ces marins disparus doivent revenir hanter les habitants de la ville un siècle après leur disparition. Justement, cette nuit là, de nombreux incidents curieux ont lieu : des habitations tremblent, des objets tombent, des vitres se cassent, et une étrange nappe de brouillard avancent contre le vent. Perdu dans cette nappe de brume, un navire de pêche est accosté par un mystérieux voilier...
Après son premier succès, Halloween (1978), John Carpenter écrit un nouveau film d'épouvante avec sa productrice et compagne de l'époque, Debra Hill. Jamie Lee Curtis apparaît à nouveau, dans le rôle d'une jeune fille nettement moins coincée que la Laurie Strode de Halloween. Carpenter emploie aussi dans ce film la mère de cette comédienne, Janet Leigh, célèbre pour avoir été poignardée sous la douche dans Psychose (1960). C'est aussi la première collaboration du maquilleur Rob Bottin avec John Carpenter : Bottin n'avait alors à son actif que les maquillages du Piranhas (1978) de Joe Dante, et n'était pas encore une vedette des effets spéciaux. Dans Fog, il prête aussi sa silhouette massive au spectre du capitaine Blake. Il collaborera encore avec Carpenter pour les prodigieux effets spéciaux de The thing (1982), et deviendra une star du maquillage avec ses travaux sur Hurlements (1980) et L'aventure intérieure (1987) de Joe Dante ou Legend (1985) de Ridley Scott.
Les manifestations des fantômes sont rares. La plupart du temps réduits à des silhouettes dans le brouillard ou à un plan d'une main armée d'un crochet ou d'un sabre, leur aspect énigmatique ne les rend que plus mystérieux et terrifiant. Enfin, la vraie star, le vrai monstre du film est bien entendu le brouillard qui s'infiltre partout et accompagne les apparitions des revenants. Dans des plans hallucinants, du brouillard rampe sur une route, avance dans les rues d'une ville ou encercle une maison. Autre image saisissantes : l'apparition des spectres aux yeux luisants en plein cœur de l'église.
Enfin, Carpenter nous sert quelques scènes d'action dont il a le secret, avec son habituel sens du tempo et du suspens : on a ainsi le siège de l'église ou du phare par les spectres. Ces séquences à l'efficacité imparable viennent nous rappeler que le réalisateur d'Assaut (1976) ou de Vampires (1998) est avant tout un grand fan des westerns classiques américains.
Toutefois reprocher, le deuxième tiers du film se traîne un peu, et cela empêche Fog de trôner aux côtés de The thing ou Halloween parmi les meilleurs Carpenter. Il reste toutefois un très bon film.