Los Angeles 1948: désormais, tout le monde paraît régler ses comptes en utilisant la magie noire! Le privé Philip Lovecraft est chargé par un homme de retrouver un ouvrage qu'il s'est fait volé: le Necronomicon...
Détective Philip Lovecraft a été réalisé pour une chaîne du câble américain par le réalisateur Martin Campbell, alors spécialisé dans les téléfilms et les petites productions. Il sera ensuite chargé de mettre en scène l'épisode de James Bond GoldenEye (1995), puis dirigera des gros divertissements hollywoodiens, comme Le masque de Zorro (1998) et Vertical limit (2001). C'est Fred Ward (Sans retour (1981) de Walter Hill, Tremors (1990)...) qui interprète le privé Philip Lovecraft avec, à ses côtés, la jeune Julianne Moore (Magnolia (1999), Hannibal (2001) de Ridley Scott...) et David Warner (La malédiction (1976)...), que les amateurs de cinéma cthulien auront aussi rencontré dans Providence (1977) d'Alain Resnais ou The unnamable II: the statement of Randolph Carter (1993).
L'intrigue rappelle éminemment la structure de la plupart des scénarios du jeu L'appel de Cthulhu: le détective privé doit empêcher un sorcier de mettre la main sur le Necronomicon car celui-ci compte l'utiliser afin d'invoquer les Grands Anciens une nuit où les astres seront propices! Il va donc devoir mener son enquête en prenant contact avec la police (dirigée par un dénommé Bradbury!), et remonter les pistes indiquées par les rares indices dont il dispose. Le film s'achève, comme il se doit, par l'arrivée d'un Grand Ancien (pas clairement identifié...) colossal et tentaculaire. A travers son récit, Détective Philip Lovecraft évoque un autre must du cinéma cthulien, le génial Rendez-vous avec la peur (1957) de Jacques Tourneur, qui rappelle par bien des aspects la nouvelle L'appel de Cthulhu.
Le film bénéficie d'une interprétation sympathique et compétente, menée par Fred Ward dont la tronche rocailleuse convient à merveille à son personnage de privé. Le début est excellent: il nous présente avec beaucoup d'humour une Californie des fifties où la magie serait devenue un moyen parfaitement naturel de régler des comptes entre gangsters: les moteurs sont rongés par des gremlins, une jeune fille chasse la licorne dans un parc, les tueurs envoient des malédictions à leurs victimes, les caïds recrutent leurs gros bras parmi les zombies haïtiens... Toutefois, la narration et la réalisation deviennent assez rapidement plates et conventionnelles, tandis que les surprises se raréfient un peu: on a parfois l'impression de suivre une série policière un brin bavarde. La mise en scène souffre parfois d'un certain statisme et quelques lenteurs se font un peu sentir. Heureusement, le final est très réussi, malgré des effets spéciaux limités par le budget modeste de cette production.
En fin de compte, Détective Philip Lovecraft reste un très agréable divertissement, particulièrement pour les fans de Lovecraft qui seront enchantés par les multiples clins d'œils et références qu'il contient. Il est toutefois dommage que cette œuvre, limitée par son format de téléfilm, n'ait pas eu les moyens financiers nécessaires pour aller au bout de ses excellentes idées.