John Reilly, un Américain, hérite par sa tante d'un vieux château en Italie. Il s'y installe quelques jours avec sa femme et sa fille aveugle pour faire l'inventaire des meubles avant de le vendre. Mais, la nuit, on entend des pleurs étranges dans les couloirs...
Après quelques tentatives dans la science-fiction (
Robojox (1991),
Fortress (1993)...), Stuart Gordon (
Re-animator (1985),
From beyond (1987)...) est revenu à l'horreur et à Lovecraft avec
Castle freak. On y retrouve de nombreux collaborateurs qui avaient travaillé sur ses deux précédents films lovecraftiens: le compositeur Richard Band, le scénariste Dennis Paoli, le producteur Charles Band et les comédiens Barbara Crampton et, bien sûr, Jeffrey Combs. La version de
Castle freak distribuée en France est la version complète du film, alors que le montage le plus courant aux USA a été raccourcie par la censure.
Gordon a utilisé la nouvelle de Lovecraft
Je suis d'ailleurs comme point de départ pour le scénario de
Castle freak. On retrouve le personnage difforme, séquestré dans un souterrain pendant toute sa jeunesse, sans aucun contact avec le reste de l'humanité. Ce personnage est encore plus pathétique ici puisqu'il n'a jamais pu sortir de son affreuse cellule et qu'il a été persécuté par sa propre mère pendant des années. A travers la tragédie de John Reilly et de Giorgio, son frère monstrueux, le scénario exploite un thème cher à Lovecraft: la malédiction familiale (comme dans les nouvelles
Le descendant, ou
L'affaire Charles Dexter Ward...). L'histoire tragique du couple Reilly rappelle les parents interprétés par Donald Sutherland et Julie Christie dans
Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg. Comme eux, ils ont été victimes d'une tragédie familiale insupportable: John est responsable d'un accident de voiture dans lequel leur jeune fils est mort et leur fille a perdu la vue. Son épouse ne trouve pas la force de le pardonner. Elle-même traite sa fille aveugle comme une assistée incapable de se débrouiller seule. Elle l'empêche d'assumer son handicap et de devenir autonome. Quand à la cruauté et à la brutalité de Giorgio, elles ne sont que la reproduction de comportements dont il a été témoin ou victime, dans le cercle de sa famille. La réalisation de Stuart Gordon est vive, nerveuse, portée par une caméra très mobile. La photographie est brute et ne cherche pas à faire de la belle image. Castle freak bénéficie du décor surprenant d'un vieux palais italien à la décoration morbide et aux murs couverts de fresques pourrissantes. L'interprétation est irréprochable, et Jeffrey Combs, toujours aussi surexcité, propose une composition mélodramatique étonnante. Les effets spéciaux sont parfaitement réussis, notamment le maquillage horrible de Giorgio et les effets gore bien cracras. En effet, on retrouve le goût de Gordon pour le gore le plus violent et pour l'érotisme macabre. Ainsi, on arrache les yeux à coup de dents, on se massacre à grands coups de chaînes... sans faire de détail. De même quand Giorgio, le pénis sectionné par sa mère, assouvit sa sexualité sur une prostituée, il lui dévore littéralement la poitrine et le sexe. Ces excès ne sont pas sans rappeler les débordements sanglants des films de Fulci (L'éventreur de New York (1982), La longue nuit de l'exorcisme (1972)...). Stuart Gordon fait du cinéma d'horreur sans concession. Castle freak est un vrai film indépendant, destiné à satisfaire avant tout les fans de véritable épouvante. Ce refus des compromis rapproche, d'une certaine façon, Gordon de Lovecraft: on a bien affaire à des passionnés qui refusent de traiter l'horreur sur le ton de la fadeur ou de la moquerie. Encore une fois, Gordon ne déçoit pas les fans de cinéma d'épouvante et de Lovecraft avec ce
Castle freak terrifiant. A travers l'histoire de cette famille déchirée, il nous montre que l'endroit le plus menaçant peut parfaitement être le cercle familial. Ce sont les personnes qui se voient tous les jours et qui se connaissent le mieux qui peuvent transformer leurs existences en un enfer quotidien invivable. Et avec les portraits mélancoliques de Giorgio et de sa cousine aveugle,
Castle freak traite avec beaucoup d'intelligence du regard porté sur la différence, le handicap et la difformité.
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