Carrie White est une jeune fille qui vit seule avec sa mère, une bigote fanatique. Au lycée, elle est la risée de ses camarades. Mais elle se rend compte qu'elle possède le pouvoir de déplacer les objets par la force de sa volonté...
A partir de 1972, Brian De Palma a réalisé de nombreux thrillers et films d'horreur. La plupart sont devenus des classiques : Phantom of the Paradise (1975), Pulsions (1980), Blow out (1981)... En 1976, il adapte l'excellent premier roman de Stephen King, Carrie. A l'époque aucun texte de cet écrivain n'avait été adapté au cinéma. C'est aussi un des tous premiers film avec John Travolta.
Un autre personnage est décrit en profondeur : Margaret White, sa mère, fanatique religieuse dont se moque toute la ville. Obsédée par le péché, considèrant le monde rempli de tentations démoniaques, elle inculque à Carrie la peur des autres, ainsi que le dégout de son corps et de sa sexualité. Carrie et Margaret sont remarquablement interprétées par Sissy Spaceck et Piper Laurie.
Si on le compare souvent à Hitchcock ou Argento, Brian De Palma se distingue de ces deux réalisateurs par le regard humain, intelligent et sensible qu'il porte sur ses personnages. Chez lui, la cruauté n'est jamais gratuite ou complaisante. Ses films comportent de nombreux portraits touchants : le fantôme amoureux de Phantom of the Paradise, la femme mûre de Pulsions, l'homme qui ne s'est jamais remis du décès de sa femme dans Obsession (1976)... Carrie appartient à cette galerie de personnages bouleversants.
Comme toujours avec ce réalisateur, l'histoire est filmée avec élégance et virtuosité. La narration, fluide et efficace, ménage des moments de suspense extrêmement forts (le bal...). De Palma utilise avec talent des moyens techniques comme le split-screen (écran en deux parties) ou le ralenti : la dernière demi-heure contient des moments de terreur inoubliables.
Carrie est un des meilleurs films de De Palma, traitant avec compassion d'un des thèmes les plus forts du cinéma fantastique : la solitude des monstres.