L'équipage du cargo minéralier Nostromo est sorti de son état d'hibernation suite à une procédure d'alerte : l'ordinateur a localisé un message de détresse... Ce signal provient d'une planète sur laquelle a échoué un mystérieux vaisseau. Le capitaine emmène quelques uns de ses hommes explorer cette épave.
Alien (1979) est le premier film de la série, et il aura trois suites : Aliens (1986) de James Cameron, Alien 3 (1992) de David Fincher et Alien, la résurrection (1997) de Jean-Pierre Jeunet. Avant de le réaliser, Ridley Scott avait déjà fait Les duellistes (1977) avec Harvey Keitel, un film à costumes très influencé par Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick. Pour Alien, il proposa d'abord à la 20th Century Fox un story-board complet. Convaincus par la qualité de son travail, ils acceptèrent de le financer. Scott reconnaît s'être beaucoup inspiré de 2001, l'odyssée de l'espace (1968), qui est aussi un film de Kubrick. Aux côtés de Sigourney Weaver, on reconnaît Harry Dean Stanton (l'amnésique de Paris, Texas (1984) de Wim Wenders) et John Hurt (inoubliable Elephant man (1980) dans le film de David Lynch).
Le vaisseau humain, le Nostromo, est décoré de façon rationnelle. sans qu'on cherche à créer des objets futuristes, ou à imaginer des formes inédites. Comme dans 2001, Scott a cherché à restituer un intérieur fonctionnel, sans chichi, ce qui permet au vaisseau de paraître encore crédible 20 ans après la sortie du film. Mais, contrairement à l'oeuvre de Kubrick, la navigation spatiale n'est plus une conquête ou une utopie : on est à bord d'un cargo minéralier, piloté par un équipage blasé. Il y a une volonté de faire de la science-fiction crédible, réaliste avec, par exemple, l'hibernation pour les longs voyages, ou les effets de la dépressurisation. Ces détails techniques, présentés comme appartenant au quotidien de l'équipage, sont amenés naturellement, sans baratin technique artificiel qui nuirait à la fluidité de l'ensemble.
Un autre thème commun avec 2001 est le rapport de l'homme à la machine. L'ordinateur de bord, Maman, rappelle bien sur Hal 9000. D'ailleurs la salle dans laquelle on le consulte évoque la salle de programmation du film de Kubrick. Toutefois, Maman ne se détraque pas par elle-même, mais devient inutilisable car elle a été sabotée. Pour pouvoir survivre, les hommes doivent alors se libérer du lien de dépendance qui les lie à l'ordinateur (qui ne s'appelle pas Maman pour rien !). Au début, l'équipage cherche à obtenir des réponses de l'ordinateur pour régler ses problèmes. Lorsqu'ils se rendent compte qu'ils ne peuvent pas compter sur lui, ils paniquent. D'ailleurs, les machines se sentent plus proches de l'alien implacable que des humains vulnérables (l'androïde "admire" le monstre).
Une autre originalité du film est son érotisme omniprésent. On a déjà vu que Giger s'inspire des organes génitaux dans ses dessins et ses sculptures. De même, la violence de l'alien fait souvent penser à des agressions sexuelles : la bouche intérieure de l'alien qu'il utilise pour tuer ses victimes a la forme d'un pénis avec des dents ! Des organes rentrent dans les corps, étouffent les êtres (l'"araignée" qui attaque John Hurt). Pour pousser encore plus loin le bouchon, l'androïde cherche à étouffer Ripley à l'aide d'une revue porno ! L'érotisme noir de ce film atteint son summum dans la dernière confrontation entre Ripley et le monstre, d'une lenteur vénéneuse.
Si le thème du huis-clos avec un monstre extra-terrestre n'est pas nouveau (La chose venue d'un autre monde (1951) par exemple), Scott le renouvelle en soignant son ambiance de science-fiction réaliste et en ajoutant un érotisme morbide fascinant. Ce film est une incroyable réussite : c'est à la fois un des meilleurs films de science-fiction réalisé et un des meilleurs films d'horreur de l'histoire du cinéma. Ses suites, bien que toujours correctement filmées, restent bien inférieures à l'original. Il est impossible à une grosse production réalisée en Amérique de dégager cet érotisme horrifique qui est l'originalité la plus singulière de ce film (malgré quelques tentatives de Jeunet dans Alien, la résurrection). De plus les monstres dessinés sans Giger ont appauvri la mythologie : la reine-mère de Cameron est trop mécanique pour être convaincante. L'alien bâtard bodybuildé de Jeunet semble aussi symptomatique d'une certaine décadence.
La version director's cut de 2003
Les scènes coupées qui sont dans le director's cut :- la scène ou l'équipage du Nostromo écoute la transmission extraterrestre (ils ont utilisé une bande son différente de celle montrée dans les bonus)
- quelques secondes de plus sur la scène où Kane découvre l'œuf
- la scène ou Lambert gifle Ripley devant l'infirmerie (angle de prise différent de celui de la scène des bonus)
- un bref moment où l'on voit Brett du point de vue de l'Alien suivi de l'arrivée de Parker et Ripley (sans doute piqué à la scène de la mort alternative de Brett)
- la scène du cocon, mais très différente de celle que l'on peut voir dans les bonus (par exemple, Ripley ne dit pas à Dallas qu'elle va l'emmener dans la navette)
- des différences sur la scène où l'Alien pose ses dents sur la cage de Jones.
Les scènes qui ont été retirées de la version originale :
- la conversation entre Ripley et Ash au sujet de la transmission extraterrestre
- quand Ash sort de l'infirmerie après que Ripley soit venue le voir pour lui demander des explications
- la fin de la scène où Ripley demande des explications à Dallas au sujet du facehugger et de Ash
- la scène où Dallas parle à Maman
- quelques secondes de la scène ou Parker recharge le lance flamme