Le cycle du Mage de Salem
Première œuvre de Wolfgang Hohlbein proposée au public français, Le Mage de Salem devait être le premier tome d'une saga nourrie de fantastique lovecraftien et de Mythe de Cthulhu. Le « public français » devra se contenter de deux volumes, sans savoir si cet arrêt brutal est dû à la fin de la regrettée maison Oriflam ou simplement à de mauvaises ventes. Outre-rhin, la saga s'est poursuivie et a été complétée par plusieurs romans dont je ne saurais vous dire s'ils ont de l'intérêt ou pas... Par contre, même si le second tome se termine un peu en "queue de poisson", il est difficile d'être vraiment triste de l'interruption prématurée de la série.En effet, Le Mage de Salem devait être – comme que sa jaquette l'indique – « une série d'actions aux innombrables péripéties qui entraîne son héros central, Robert Craven, héritier d'un pouvoir et d'une mission qui d'abord le dépassent, aux quatre coins du monde tel qu'il était – ou presque – vers la fin du XIXe siècle au gré de sa lutte contre les entités obscures et malveillantes appelées les Grands Anciens. »
Reprenons depuis le début :
• la série d'actions et d'innombrables péripéties est bien là, mais elle est bien morne et consiste principalement à une fuite sans fin devant des méchants qui se succèdent sans interruption.
• le héros central devrait tout au mieux être appelé protagoniste principal : il est plutôt faiblard et même assez couard, falot et nul au combat, au cours desquels il commence toujours par se vautrer lamentablement, visiblement incapable de coordonner ses membres locomoteurs en situation de stress !
• héritier d'un pouvoir et d'une mission qui d'abord le dépassent : bien qu'il hérite pendant deux tomes, jamais le lecteur ne le voit prendre le dessus sur les héritages en question... ni utiliser ce fameux pouvoir d'une manière convaincante et volontaire, ni reprendre une quelconque mission à son compte.
• les quatre coins du monde se limitent à quitter les Etats-Unis pour se rendre au Royaume-Uni, principalement à Londres et en Ecosse, ce qui ne fait que trois coins, même en 1883. Il est toutefois probable que la jaquette d'Oriflam prévoyait que tous les tomes seraient traduits, ce qui expliquerait pourquoi également pourquoi elle évoque des protagonistes que le lecteur français ne retrouvera pas : H.G. Wells , Philéas Fogg ou le capitaine Nemo.
Malgré toutes ces critiques, les livres ne manquent pas complètement d'intérêt. D'abord, ils ne sont pas désagréables à lire car l'auteur n'écrit pas avec ses pieds et c'est sympathique de découvrir un écrivain allemand après tous ces anglo-saxons. Ensuite, le genre aventure, mystère et suspense a ses adeptes qui pourraient bien apprécier l'exercice. Et enfin, les livres sont indéniablement cthulhiens, mais sans les excès récitatifs et les catalogues du Mythe d'un Derleth ou d'un Lin Carter, même si Yog-Sothoth hérite du surprenant qualificatif de « Seigneur des Mers » [sic] !
Mais je m'aperçois que je ne vous ai pas raconté l'histoire ! Il est peut-être temps que je vous en dise deux ou trois mots…
Tome 1 : Le Mage de Salem
1883, Robert Craven traverse l'Atlantique d'ouest en est sur un grand quatre-mâts. Il accompagne un homme qu'il connaît à peine et seulement depuis peu de temps ; il ignore encore que des liens étroits – plus qu'étroits – les unissent... Cet homme est Roderick Andara, le Mage, poursuivi par la haine de ses anciens coreligionnaires. Comment se venger d'un sorcier sinon en lâchant sur lui et ses descendants la pire des malédictions ? Leur rage était si grande qu'en consumant tout leur pouvoir ils sont parvenus, par-delà des millions d'années, à ouvrir la porte aux pires ennemis de l'humanité : les Grands Anciens. Ce sont eux, leurs laquais et les sorciers humains qui leur sont dévoués qui poursuivront Robert Craven et les amis qu'il rencontrera lors de ses pérégrinations. Amis parmi lesquels nous découvrirons Lovecraft himself !Tome 2 : L'Héritage de la Nuit
Robert Craven croit s'être débarrassé de la menace des Grands Anciens, mais il n'en est rien. Touché par l'un d'entre eux, il est désormais menacé par sa propre ombre ! Sans compter qu'il doit mettre la main sur le Necronomicon avant ses ennemis. Et il n'est pas au bout de ses peines : des serviteurs des sombres divinités ouvrent une brèche par laquelle les esprits de plusieurs Grands Anciens pénètrent dans notre monde. Cela n'en finira donc jamais ?Et le jeu de rôles dans tout ça ?
Je fais confiance aux Gardiens des Arcanes pour trouver d'intéressantes idées à recycler pour leurs campagnes, mais pour les aider, je citerai entre autres :• les multiples façons d'utiliser les Shoggoths que propose l'auteur (simulacres d'humains, arbres démons, etc.) ;
• un nouveau monstre chasseur, le Craal ;
• et enfin une Maison au bord du Temps dont les possibilités sont littéralement illimitées !
N.B.: N°8 » Titre original (1987) : » Der Hexer von Salem