Le mal au bout des pinceaux
La peinture du tueur en série porte malheur, déclare son propriétaire, le célèbre avocat Michael Stone.
Depuis qu'il a cédé à ce qu'il appelle lui-même son "dernier achat morbide", il est poursuivi par la malchance. Le responsable de cette déveine serait le dernier autoportrait en clown peint en prison par James Grady, le tueur en série exécuté en juin dernier au pénitencier de Stateville. Grady, pas rancunier, avait offert cette toile à son défenseur quelques jours avant son exécution. "Aujourd'hui ma vie est un enfer", a déclaré le ténor du barreau, "Tout ce que je veux, c'est m'en débarrasser".
Alors que Michael Stone n'a accroché la peinture que depuis deux jours, son épouse, Frances, est tuée par un rôdeur que la police n'a jamais retrouvé. Tragiquement, le jour même des obsèques, la mère de l'avocat, Helen Collins, se donne la mort au domicile de son fils.
Michael Stone a alors accusé la toile des malheurs qui venaient de le frapper. Un de ses amis lui aurait alors proposé de garder la peinture chez lui. Victime d'un accident de la circulation, il est aujourd'hui dans le coma. D'après M. Stone, un second ami qui aurait accroché l'œuvre à son domicile a fait une tentative de suicide, heureusement sans succès.
L'avocat espère maintenant trouver un acheteur moins superstitieux que lui : "Je devrais le détruire, mais je ne peux pas m'y résoudre. Je préfère penser qu'il pourra faire le bonheur d'un autre collectionneur. Mais s'il veut l'acheter pour le brûler, je n'y verrais aucun inconvénient !"
L'objet est aux mains d'un autre ami de Michael Stone, Daniel McCormick, propriétaire d'une galerie dans le centre ville. "Cette toile ne me fait pas peur," a déclaré le galiériste, "je ne crois pas à la magie noire et aux fétiches maléfiques."
McCormick a gardé le Grady dans un carton, mais il ajoute : "Beaucoup de gens me demandent à le voir. La plupart ont un frisson en le découvrant. Des personnes m'ont même dit : Oh mon Dieu, remettez-le dans sa boîte !"
James Grady, un courtier en assurances de la banlieue de Chicago a été exécuté pour le meurtre de 23 hommes, adolescents et adultes. Surnommé le "Clown Tueur", Grady organisait également des spectacles pour enfants dans lesquels il apparaissait sous les traits du clown Pozzo. Il tuait ses victimes après les avoir violées, puis il enterrait les corps dans le vide sanitaire sous sa maison.
LJS
Hier, McCormick a accueilli tous les clients de sa galerie avec une arme de poing. Il a tué quatre personnes et en a blessé deux avant que les policiers arrivés à la rescousse ne soient contraints de l'abattre. Le tableau de Grady avait été vendu la veille...
Possibilités
Le microbe en question est de nature très chaotique. Il se transmet en principe uniquement par contact avec la toile, mais parfois (jet de Chance raté) un porteur est contagieux pour son entourage. La TOXicité (1D20+10) et la période d'incubation (2D6 jours) sont également variables. Le microbe s'attaque aux cellules cérébrales et nerveuses, de différentes façons selon les individus. Il provoque aléatoirement des comportements asociaux, criminels ou suicidaires, des coups de folie temporaires, avec ou sans perte de mémoire, des démences permanentes, des amnésies, etc. Après une période de 2D6 semaines, si elle n'a pas encore tué son hôte, la bactérie extraterrestre meurt. Toutefois les dommages permanents qu'elle a causés subsistent. Dans la peinture sur la toile, elle peut survivre indéfiniment.
C'est Michael Stone qui a tué sa femme, puis sa propre mère. Il ignore qu'il est l'auteur de ces crimes, du moins il l'a oublié. Une séance d'hypnose pourrait lui rappeler de très mauvais souvenirs.
Cependant, le plus urgent est sans doute de remettre la main sur la toile, avant qu'elle provoque d'autres catastrophes. Son nouvel acquéreur, un riche homme d'affaire lié au crime organisé, l'a accroché dans sa belle villa, où il donne fréquemment des fêtes très courues...
Cette créature cruelle se considère comme un artiste et elle est toujours à la recherche de
sensations nouvelles. En ce moment, son esthétique morbide se manifeste avec juste ce
qu'il faut d'ironie – de son point de vue – dans le choix de ses victimes. Elle s'attaque
exclusivement aux propriétaires successifs de la toile qu'elle a peinte en prison. A esthète,
esthète et demi !
Et malheureusement, la mauvaise série continue. Les investigateurs vont apprendre que le tout dernier acquéreur de la toile a fracassé le crâne de l'amant de sa femme à l'aide du lourd cadre dudit tableau ! Rentrant chez lui avec son achat, il a trouvé le couple adultère dans son lit conjugal. Son sang n'a fait qu'un tour... Aujourd'hui, l'homme est sous les verrous, tandis que la toile est sous scellé, comme toute bonne pièce à conviction. Nul doute que les investigateurs vont faire tout leur possible pour détruire cet "objet maudit". Avec toutes les complications que cela risque d'entraîner...
Librement adapté d'un article de Laurel J. Sweet paru dans le Boston Herald du 20 novembre 2005 : "A BRUSH WITH EVIL"