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John Nada, un ouvrier américain, arrive dans une grande ville pour y chercher du travail. Il découvre une mystérieuse paire de lunettes qui lui permettent de voir la réalité: le pouvoir est détenu par des extra-terrestres malveillants...



Après Prince des ténèbres (1987), Carpenter rempile à nouveau pour une production à tout petit budget. Cette fois-ci, il retourne à un cinéma mêlant action, science-fiction et politique, comme pour New York 1997 (1981). La modestie des moyens financiers a une contrepartie avantageuse dont Carpenter saura tirer partie: la liberté artistique. Certes, les décors oscillent entre le terrain vague et l'impasse jonchée d'ordure. Certes, la figuration est loin d'être abondante. Mais la véhémence et la singularité de la charge politique d'Invasion Los Angeles sont un luxe que Carpenter n'aurait pas pu se permettre sur une grosse production hollywoodienne. Le rôle principal est tenu par Roddy Piper, une vedette des programmes de catch qui apparaît de temps en temps dans des petites productions de science-fiction. A ses côtés, on reconnaît le sympathique comédien Keith David (The thing (1982), Pitch black (2000)...).

Le plus frappant est donc la force de la fable politique que nous propose Carpenter. Grâce à des lunettes spéciales que font circuler des résistants, John Nada va découvrir que tous les pouvoirs (médiatiques, politiques, économiques...) sont verrouillés par des extra-terrestres qui cachent leur apparence hideuse sous un masque humain. De plus, tous les médias (presse, télévision, publicité...) sont saturés de messages subliminaux encourageant les citoyens américains à la passivité, à la résignation et à la docilité. Certaines personnes particlièrement égoïstes collaborent en connaissance de cause, en échange d'avantages matériels et financiers. Le but de ses méchants envahisseurs est de faire tourner à plein régime l'économie terrienne afin de s'approprier toutes les richesses de la planète, jusqu'à épuisement irréversible de ses ressources naturelles. Rappelons qu'en 1988, on était à la fin du second mandat présidentiel de Ronald Reagan, au cœur du triomphe des idées libérales aux États Unis; mais, c'était aussi une période de grande augmentation de la pauvreté dans les classes populaires et de démantèlement féroce de l'industrie américaine. Carpenter martèle donc tout au long d'Invasion Los Angeles tout le mal qu'il pense de l'idéologie individualiste des républicains qui, économiquement, ne fait qu'enrichir les plus riches.

Il nous fait donc suivre les aventures de John Nada, un prolo américain courageux et travailleur, quelque part entre le John Wayne des films de John Ford (La chevauchée fantastique (1939)...) et le Rocky (1976) de Sylvester Stallone. Ce personnage très attachant est très bien interprété par Roddy Piper, impeccable pour ce rôle. Une fois qu'il aura démasqué les perfides envahisseurs, il devra organiser son action politique de manière à la rendre la plus efficace possible (à grand coup de fusils mitrailleur, en l'occurrence). Il va aussi tenter d'éveiller la conscience politique de son entourage, notamment de son ami Frank. Mais, pour protéger son bonheur égoïste, celui-ci refuse d'enfiler les fameuses lunettes qui lui permettrait de voir la réalité en face: John le forcera pourtant, à l'issue d'une mémorable mêlée, à prendre les armes contre les tyrans inhumains.

Cette extraordinaire baston entre les deux amis se situe quelque part entre la bagarre de saloon et le match de catch pour la télévision américaine. Elle est remarquablement filmée par un Carpenter toujours aussi habile à saisir les scènes d'action dans l'espace. On apprécie encore la très efficace fusillade qui accompagne l'attaque du quartier général des résistants. Pourtant, malgré ses idées originales et un début excellent, Invasion Los Angeles s'achève sur une petite touche de déception. En effet, l'assaut de l'immeuble des extra-terrestres souffre de limitations budgétaires évidentes: comme dans une vulgaire série TV, John et Frank arpentent inlassablement le même couloir en cherchant à nous faire croire qu'ils explorent un vaste bâtiment. De même, ils n'affrontent jamais plus de deux soldats à la fois!

Pourtant, grâce à son discours énergique et à son excellente première partie, Invasion Los Angeles est un film très original et attachant dans la filmographie de Carpenter.

Filmographie de John Carpenter.

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"Je crois en l'Amérique !"
■ Fab 24/10/2004
Cette réplique de John Nada vers le début du film est assez révélateur de l'état d'esprit de Carpenter avant de faire ce film. D'ailleurs Nada est un alter-ego de Carpenter : la désillusion de Carpenter est presque aussi "violente" que celle de Nada.

Mais parlons un peu du film en lui même. Un excellent scénario, de très bons acteurs (n'en déplaise à ceux qui dise que Rody Piper n'est qu'un gros "boeuf" de plus, il a été choisi par Carpenter car il a eut des périodes de sa vie assez similaires à celle que traversent Nada et de plus Carpenter est un grand fan de catch (dans son adolescence, il avait même créer un fanzine sur le sujet). Keith David est AMHA aussi bon que dans The Thing), une réalisation exceptionnelle (la bagarre bien évidemment) et un message énergique qui n'a pas perdu de sa force. A ce propos, certains le trouve trop "brutal", trop explicite. Ce n'est tout à fait faut, mais Invasion Los Angeles est avant tout destiné au public américain et ce dernier à plutôt du mal à comprendre les trucs trop implicites.

Une petite anecdote pour la route : le film contient une référence lovecraftienne ! En effet Carpenter à signer le scénario sous le pseudo de "Frank Armitage". Comme quoi...
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