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Yoshimi, une jeune femme qui vient de divorcer, s'installe seule avec sa petite fille dans un nouvel appartement. Mais des évènements étranges s'y déroulent...



Après la reconnaissance internationale et le gros succès commercial asiatique de Ring(1998), sorti en France en 2001, un nouveau film de Hideo Nakata a fait sensationdans les divers festivals de cinéma fantastique où il a été montré : Dark water.Pourtant, entre les deux, Nakata n'a pas chômé. Après Ring 2 (1998), il tourneainsi : Le cerveau de verre (1999) (encore un film fantastique) ; Chaos(1999) (un thriller romantique) ; Sleeping bride (2000) (film pour enfantd'après un manga d'Osamu Tezuka) ; Sadistic and Masochistic (2000) (documentairesur le réalisateur Masaru Konuma, spécialiste du cinéma érotique japonais dans lesannées 1970, dont Hideo Nakata a été l'assistant à ses débuts) ; Last scene(2001) (drame sur la vie d'un vieil acteur) ; et The embalmer (2002) (encore unrécit d'épouvante). Toutefois, Dark water marquant une nouvelle collaborationentre l'écrivain à succès Kôji Suzuki (Ring...) et Nakata, c'est cette oeuvrequi a été le plus remarqué et le mieux promu à travers le monde. Ce film est en faitl'adaptation d'une nouvelle de quelques pages, appelée L'eau flottante, qui setrouve dans le recueil de nouvelles Dark water rédigé par Suzuki. Le projet estenvisagé dès la post-production de Ring 2, mais la rédaction du scénariomettra un certain temps à aboutir à un résultat jugé satisfaisant. Le rôle principal,celui de Yoshimi, est tenu par Hitomi Kuroki, une actrice japonaise populaire dans sonpays, mais dont Dark water marque la première apparition sur les écransfrançais ; elle a aussi jouée dans la série télévisée japonaise Ringu:Saishuu-shô, un des produits dérivés du roman Ring.
Yoshimi vient de divorcer. Elle obtient la garde de sa petite fille Ikuko, pourtantconvoitée par son ex-mari, puis décide de s'installer avec Ikuko dans un nouvelappartement, situé dans un immeuble résidentiel assez morose. Après avoir inscrit lafillette à l'école maternelle locale, la jeune femme part à la recherche d'un travailde correctrice. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour comprendre que son appartementest insalubre, présentant notamment de nombreux problèmes d'infiltrations dans leplafond. Qui plus est des incidents étranges, liés à une mystérieuse fillette,oppresse Yoshimi...


L'idée d'un emménagement dans un nouvel appartement, qui sera vécu comme uneexpérience oppressante et désastreuse, renvoie bien entendu aux classiques réaliséspar Roman Polanski : Rosemary's baby (1968) (un jeune couple s'installe dans unappartement, mais la jeune femme sombre dans la folie) et Le locataire (1976) (unemployé immigré loue un petit meublé parisien dont l'atmosphère le rend paranoïaque).Nakata ajoute à ce thème une histoire de fantômes classique, qui rapproche a priori Darkwater de Ring. Toutefois, ces éléments issus du cinéma fantastiqueservent avant tout de toile de fond au portrait détaillé du personnage principal :Yoshimi est une femme fragile (elle a déjà subi une dépression nerveuse) et solitairequi se retrouve confrontée à de lourdes et nouvelles responsabilités. Elle doitconquérir son autonomie financière, en trouvant un nouveau travail, et aussi se montrercapable d'élever convenablement sa fille. Dès lors, elle angoisse quand elle confiecelle-ci à l'école (lorsqu'elle voit un enfant se faire réprimander par le directeur etune enseignante par exemple), et manque furieusement de confiance en elle. Qui plus est,Yoshimi est confrontée aux manœuvres de son mari qui cherche à récupérer la gardede Ikuko, en la faisant passer pour une mère irresponsable auprès du juge chargé dudossier de leur séparation. Même l'acquisition de son nouvel appartement va se révélerpour Yoshimi une déception, puisqu'il se révèlera affligé de divers problèmesd'infiltration.


Pour rendre encore plus pesante l'angoisse de Yoshimi, Dark water décrit encorele quartier où elle s'installe comme une zone sinistre, terne et monochrome, enpermanence arrosée par une pluie insistante. Cette grisaille démoralisante, alliée àl'architecture  de l'immeuble vit Yoshimi, nous fait partager la situationdéprimante de cette jeune femme instable et hantée par la peur de l'échec. En effet,  cette nouvelle habitation pourrait devenir, si elle ne se montre pas à la hauteurde ses lourdes responsabilités, une voie sans issue pour elle et sa fille. Angoissée,hypersensible et malheureuse, Yoshimi commence à voir des phénomènes surnaturels, desapparitions étranges, apparemment liés à la disparition mystérieuse d'une fillette quivivait dans cet immeuble quelques années auparavant. Dès lors, il est permis de sedemander, comme le fait son ex-mari, si la fragilité psychologique de Yoshimi n'en faitpas la victime d'hallucinations. Cette ambiguïté, ainsi que l'emploi intelligent etsensible d'une histoire de fantômes pour dresser le portrait de personnages fragiles,renvoie aux meilleurs titres du genre. On pense ainsi au couple brisé formé par JulieChristie et Don Sutherland dans Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg, àla bouleversante Eléonore de La maison du Diable (1963) de Robert Wise ou à lagouvernante névrosée de Les innocents (1960) de Jack Clayton. La révélationfinale de Dark water peut sembler en total opposition avec Ring : alorsque ce dernier joue sur une surenchère compliquée d'évènements fantastiques, mêlantscience-fiction et légendes urbaines élaborées (la cassette tueuse), Dark waterréduit son histoire de fantôme à sa plus simple expression. Les manifestationsspectrales ne sont que l'écho, des années après, d'une tragédie totalement injuste eteffroyable, mais aussi tragiquement banale.


Le réalisateur de Ring renoue avec son habituelle rigueur et sa gestion trèséconome des effets horrifiques. Simplicité de la réalisation, emploi de la suggestionet travail sur la bande-son composent donc toujours la base du style de Nakata. Pourtant,ses procédés ont tendance à devenir un peu répétitif et lassant, voire à virer aucliché pur et simple (petite fille fantôme, apparition-disparition mystérieuse par unemploi du montage...). Les séquences d'angoisse donnent l'impression de toutes seressembler. Surtout, Dark water semble souffrir d'un récit déraisonnablementétiré. La révélation du fin mot de cette histoire de fantômes paraît venir de façontrop abrupte, dans la dernière demi-heure du métrage, alors que les révélations à sonsujet étaient trop rares au cours de la première heure pour parvenir à capterl'intérêt des spectateurs.


Cette histoire de fantômes permet pourtant une approche sensible et fine de Yoshimi, sonpersonnage principal, remarquablement interprété par Hitomi Kuroki. La sécheresse dustyle de Nakata, le caractère répétitif des scènes fantastiques et, surtout, un récitmanquant de densité, peuvent toutefois laisser sur une impression assez mélangée. Darkwater est certes un film ambitieux, mais on regrette qu'il ne tienne pas toutes sespromesses. En tout cas, il reçut un accueil critique enthousiaste, notamment en France,où il gagna, entre autres, le Grand Prix du Festival de cinéma Fantastique de Gérardmer2003.



Bibliographie consultée :

«
Plic, ploc.
■ Supa 07/07/2003
Je viens de le voir, et je dois avouer qu'il est très bien réalisé.
Etant bon public de nature, je suis vite tombé dans l'ambiance du film et les sensations étaient au rendez-vous.

Mais ça ne fait pas peur.
D'ailleurs, j'ai tellement pas peur que je ne vais pas descendre chercher à boire dans la cuisine.
;)
Et glou et glou et glou...
■ Vonv
Titre de commentaire cyclopéennement peu fin :) pour un film fantastique très très sympa.

Ok c'est pas le film de l'année, mais dans le style film de fantôme, il se passe bien classé par son traitement fin et subtile du sujet. Les deux actrices principales (la femme et sa fille) jouent super bien. L'ambiance est oppressante avec peu de gens à part les caractères principaux, peu de couleurs, une musique discrète...

Ca fait pas très peur mais c'est angoissant et malgrès quelques techniques bien connues des films d'angoisse, il tire son épingle du jeu par la réalisation et aussi l'originalité du sujet...

A louer pour une bonne soirée fantastique.
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