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Des écologistes explorent un fleuve afin d'étudier sa pollution. Ils découvrent que des fûts radioactifs ont pollué le cours d'eau et contaminé la faune et la flore : ainsi, un crocodile mutant géant se met à semer la terreur dans la région !



Killer crocodile est une production italienne à tout petit budget réalisé parFabrizio de Angelis sous le pseudonyme anglicisant de Larry Ludman. Si Fabrizio de Angelisest une figure notable du cinéma populaire italien, c'est surtout grâce à sa carrièrede producteur. Ainsi dans les années 1970, on le trouve à ce poste sur un peu tous lesfronts : polar (S.O.S jaguar, opération casseurs (1976) d'Umberto Lenzi), filmsérotico-horrifique (Black Emanuelle en Amérique (1977) et Viol sous lestropiques (1977), tous deux réalisés par Joe d'Amato et interprétés par la LauraGemser...), giallo (Sette scialli di seta gialla (1972)...), comédie paillarde (L'insegnanteballa... con tutta la classe (1978)...)... Tout y passe ! Mais c'est surtout dans ledomaine de l'épouvante qu'il va s'illustrer en produisant les meilleurs films de LucioFulci, avec qui il collaborera de 1979 à 1982, alignant plusieurs classiques del'épouvante latine : L'enfer des zombis (1979), L'au-delà (1981), Lamaison près du cimetière (1981) et L'éventreur de New York (1982). DeAngelis continue ensuite son petit bonhomme de chemin en suivant les modes, avec, parexemple, Les guerriers du Bronx (1982) de Castellari, qui louche aussi bien sur NewYork 1997 (1981) de John Carpenter que sur Les guerriers de la nuit (1979)de Walter Hill. De Angelis se met lui-même à réaliser des films avec Tonnerre(1983), film d'action très imprégné de l'influence du premier Rambo (1982). Ildirige alors de nombreuses autres œuvres d'action, genre très peu onéreux àproduire : Cobra mission (1985) avec Christopher Connelly et Donald Pleasance, Karatewarrior (1987) (pour lequel il tournera quatre suites jusqu'en 1992 !)... Killercrocodile est une de ses rares intrusions en tant que réalisateur dans le domaine del'horreur. Il s'adjoint la collaboration de pointures du cinéma populaire italien : lescénario est écrit avec le scénariste Dardano Sacchetti (Le chat à neuf queues(1971) de Dario Argento, La baie sanglante (1971) de Mario Bava, L'enfer deszombis...), et la musique est de Riz Ortolani (Mondo cane (1962) deGualterio Jacopetti, Danse macabre (1964) avec Barbara Steele, Cannibalholocaust (1979) de Ruggero Deodato...). Si le casting est essentiellement composéde jeunes comédiens qui ne feront guère carrière, on trouve néanmoins, dans le rôledu juge, le vieil acteur hollywoodien Van Johnson (Deux jeunes filles et un marin(1944) de Richard Thorpe, L'enjeu (1948) de Frank Capra, Brigadoon (1954)de Vincente Minnelli...). Le chasseur Joe est interprété par un ancien spécialiste duwestern italien, ressemblant fort à Lee Van Cleef : Ennio Girolami (Sept winchesterpour un massacre (1968) d'Enzo Castellari...).
Des jeunes écologistes se rendent en bateau sur un fleuve afin d'enquêter sur uneaffaire de pollution. Ils découvrent des bidons de déchets radioactifs abandonnés enpleine nature, puis décident de prévenir le juge du village afin que celui-ci arrêteles responsables de ces actes. Mais le juge est à la solde des pollueurs, et il refuse deles écouter. Les déchets sont pourtant responsables de mutations chez les animaux de larégion. Ainsi un crocodile géant s'en prend aux hommes. Joe, un vieux baroudeur expertdans la chasse aux crocodilidés, arrive alors, bien décidé à en découdre avec cemonstre. De leurs côtés, les écologistes, soucieux de préserver cette forme de vie,veulent l'empêcher de tuer cet animal...


On se rappelle que les succès de Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberget Les dents de la mer 2 (1975) de Jeannot Szwarc avaient donné des idées à denombreux réalisateurs opportunistes à travers le monde. Dans cette catégorie, lesitaliens sont assez bien placés, et on a vu apparaître des œuvres-catastrophesmettant en scène des requins tueurs, tels que La mort au large (1980) et Chasseurde monstres (1981) de Castellari, ou des produits dérivés assez proches, tels que L'invasiondes piranhas (1978) de Margheriti, Alligator (1980) de Sergio Martino...Pourtant la première moitié des années 1980 sera le début du déclin du cinémaitalien qui, sous les pressions conjointes des télévisions privées et de la vidéo, vavoir son empire s'effriter progressivement. Dès lors, la réplique à la sortie de Lesdents de la mer 3 (1983) paraît bien faible, puisque seul Apocalypse dansl'océan rouge (1984) de Lamberto Bava, tourné avec deux bouts de ficelle, sort desstudios italiens. Quand au désastreux Les dents de la mer 4 : la revanche(1987), son seul équivalent latin sera ce très peu fortuné Killer crocodile,tourné en 1988, dans le dernier souffle du cinéma bis italien. Les réalisateurs ducinéma populaire transalpin allaient déserter le cinéma afin d'aller travailler pour latélévision (Castellari, Lamberto Bava...) ou le porno (Joe d'Amato...) ; ses deux plusgrands noms étaient réduits à l'exil (Dario Argento tournera ses films du début desannées 1990 aux USA), voire à l'inactivité et à la pauvreté (Lucio Fulci).


Pour en revenir à Killer crocodile, une étude rapide de l'histoire nous permetde reconnaître aisément les éléments typiques de ce style d'oeuvres catastrophes, dontles bases ont été posées par Les dents de la mer ou Piranhas (1978)de Joe Dante (dans lequel des poissons-mutants terrorisant des plaisanciers sur un fleuve).La nature, meurtrie par l'avidité des hommes, vient donc se venger sous la forme d'uncrocodile monstrueux, tandis que les autorités locales, corrompues, restent apathiquesface à la menace. Le chasseur Joe est indubitablement un écho du vieux loup de merinterprété par Robert Shaw dans Les dents de la mer (personnage lui-mêmeinspiré par le capitaine Ahab de Moby Dick), tandis que les écologistes nousrappellent plutôt le zoologue joué par Richard Dreyfuss. Le recours à quelques effetsgore (assez discrets et à l'impact amoindri par des trucages trop perceptibles),l'utilisation des vues subjectives nous mettant à la place du crocodile et la présenced'une musique décalquant la fameuse partition de John Williams achèvent de nousconfirmer qu'on est bien confronté à un pompage éhonté du classique de StevenSpielberg.


Outre l'absence d'originalité du récit, il faut en plus subir des qualités deconception extrêmement précaires. Le budget de Killer crocodile a apparemmentété englouti par le transport de l'équipe à Saint-Domingues, et tout ce qui estprésent à l'écran semble bâclé. Costume, réalisation, interprétation, accessoires,décors, montage... TOUT respire l'amateurisme. Le crocodile est l'oeuvre de Giannetto DeRossi, un très fameux  maquilleur du cinéma italien, qui travailla sur Leguépard (1963) de Visconti, Cléopâtre (1963) de Mankiewicz, Il étaitune fois dans l'ouest (1968) de Sergio Leone, 1900 (1976) de Bertolucci, Casanova(1976) de Fellini, Dune (1984) de David Lynch (pour lequel il crée les vers dessables)... C'est aussi lui qui a révolutionné la représentation des morts-vivants aucinéma avec les zombis très putréfiés de L'enfer des zombis de Fulci.Pourtant, le résultat laisse ici beaucoup à désirer, tant ce crocodile semble à lafois raide et pataud. Plus grave que tout, Killer crocodile souffre d'un manquede rythme qui a vite fait d'assommer rapidement le spectateur. Ce dernier ne seréveillera, de temps en temps, que grâce à la stupéfiante, et assez hilarante,contre-performance accomplie par les doubleurs français.


Bref, en fin de compte, Killer crocodile s'avère un film assez mauvais et, plusgrave, bien ennuyeux. Ce jalon tardif du cinéma bis italien bénéficiera néanmoinsd'une sortie en salles en France. Il y aura ensuite un Killer crocodile II (1990)dont la réalisation sera confiée, cette fois, au créateur du crocodile : Giannetto deRossi en personne. Les crocodiles tueurs reviendront sévir sur les écrans de cinémasuite à la vague américaine de film-catastrophes portée par Godzilla (1998) deRoland Emmerich, le sympathique Peur bleue (1999) de Renny Harlyn et Armageddon(1998) de Michael Bay. On verra donc sortir au cinéma un agréable Lake placid(1999) de Steve Miner, suivi d'un bien moins ambitieux Crocodile (2000) tournépar Tobe Hooper pour le marché vidéo.


Bibliographie consultée :

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une tuerie
■ jerome
Ce film est génial malgré lui, et ce surtout grace aux doublages francais. Les répliques de Joe sont dignes des Inconnus et tout est extremement caricatural. Après l'avoir vu on n'a pas arrêter de délirer dessus avec des potes, regardez le, vous ne le regretterez pas. Et joe deviendra votre héros le plus cher

" si je te dis que c'est un crocodile, c'est qu'c'est un crocodile espèce de p'tit con"
Joe
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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