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Dans la Château du Diable, en Autriche, Eva Arnold et son ami Peter Kleist, descendant du sanguinaire Baron Otto von Kleist, invoquent accidentellement le fantôme de ce terrible aristocrate. Des meurtres atroces sont alors commis dans la région...



Suite au succès de L'oiseau au plumage de cristal (1970) de Dario Argento, on a surtout demandé à Mario Bava de tourner des giallos au début des années 1970 (avec L'île de l'épouvante (1970), La baie sanglante (1971)). Puis, il retrouve le producteur Alfredo Leone avec lequel il avait travaillé sur le film érotique Quanta volte quella Notte (1972) (film tourné en 1969, mais dont la sortie avait été repoussée à cause de la censure italienne), et pour qui il va tourner ce Baron vampire en Autriche. On note, au poste d'assistant-réalisateur, la présence de Lamberto Bava (Démons (1985)...), le fils de Mario, qui attendra Baiser macabre (1980) pour devenir un réalisateur à part entière. Baron vampire bénéficie d'un casting impressionnant, dominé par les grands acteurs Joseph Cotten (Citizen Kane (1941) et La splendeur des Amberson (1942) d'Orson Welles, L'ombre d'un doute (1943) d'Alfred Hitchcock, Le continent des hommes-poissons (1979) de Sergio Martino...) et Massimo Girotti (La couronne de fer (1943) d'Alessandro Blasetti, Les amants diaboliques (1942) et Senso (1954) de Luchino Visconti, Théorème (1968) de Pasolini...). A leurs côtés, on trouve aussi l'actrice allemande Elke Sommer (Quand l'inspecteur s'en mêle (1964) de Blake Edwardes, Lisa et le diable (1972) de Mario Bava...), Umberto Raho (L'oiseau au plumage de cristal, Danse macabre (1964) d'Antonio Margheriti...) et la petite Nicoletta Elmi, alors spécialiste des rôles de fillettes inquiétantes dans le cinéma fantastique italien (La baie sanglante, De la chair pour Frankenstein (1974) de Antonio Margheriti, Les frissons de l'angoisse (1975) de Dario Argento...).
Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre français assez fantaisiste, il n'est nullement question de vampirisme dans ce Baron vampire. En fait, il s'agit d'un récit dans la tradition du cinéma italien gothique du début des années 1960 (La vierge de Nuremberg (1963), La sorcière sanglante (1963) et Danse macabre de Margheriti, Opération peur (1966) de Mario Bava...), se référant notamment fortement au classique fondateur Le masque du démon (1960) de Mario Bava. On y retrouve donc une malédiction familiale pesant sur une lignée aristocratique, des sorcières brûlées vives, des morts-vivants hagards, un vaste château macabre, et des outils de torture hérissés de pointes acérées. Néanmoins, Baron Vampire, tourné en 1972, est un rejeton assez tardif de cette lignée, et peut même sembler anachronique à l'époque où fleurissaient en Italie des giallos en tout genre (La baie sanglante, Le chat à neuf queues (1971), La longue nuit de l'exorcisme (1972) de Lucio Fulci...). Il s'agit donc clairement d'une tentative assez ambitieuse de ré-actualiser l'épouvante gothique de ce pays.

Pour ce faire, Bava ne lésine pas sur la qualité de son travail atmosphèrique. Sans doute pour des raisons de co-production, le film est tourné en Autriche, dans la région de Vienne. L'action prend essentiellement place dans le "château du Diable", présenté dans le récit comme un véritable château médiéval. Pourtant, Baron vampire a été tourné au château de Kreuzenstein, près de la ville de Korneuburg, à une dizaine de kilomètres de Vienne, qui est en fait une demeure de style néo-gothique, bâtie par un excentrique à la fin du XIXème siècle, un peu à la manière du fameux Neuschwanstein Schloss construit en Bavière par le Roi Louis II. Bava bénéficie donc d'un superbe décor naturel, aux ornementations surchargées, factices et éclectiques, qu'il imprègne de couleurs fantastiques et d'ombres profuses avec son talent habituel (Six femmes pour l'assassin (1964)...). De même les rues de la ville de Korneuburg, parcourue d'une intense brume bleue, sont superbement utilisées lors d'une éprouvante poursuite nocturne. Techniquement, Bava est ici au sommet de son génie : les plans sont composés avec un soin maniaque (objets étranges et inquiétants placés en amorce, objectif grands-angles en plongée ou en contre-plongée pour mettre en valeur l'architecture du château, notamment les voûtes de la chapelle-bibliothèque...). On apprécie aussi l'efficacité des scènes de poursuites et des meurtres, qui bénéficient d'excellents maquillages et trucages.

Pourtant, Baron vampire laisse un léger sentiment de déception. Si on y admire constamment l'élégance unique et très personnelle du style de Mario Bava, il faut pourtant reconnaître qu'on s'ennuie beaucoup. Le scénario est particulièrement lent, dénué de surprises, et semble recycler sans beaucoup de nervosité, les clichés du cinéma gothique italien. L'influence de films américains classiques est particulièrement envahissante (le tueur rappelle beaucoup Le fantôme de l'opéra (1925) avec Lon Chaney et L'homme au masque de cire (1953) avec Vincent Price : la pendaison dans l'escalier renvoie d'ailleurs clairement à ce dernier...). L'interprétation est décevante. Girotti et Cotten sont talentueux, mais ils n'apparaissent que trop rarement, laissant place à un couple de jeunes premiers peu convaincants : Antonio Cantafora (Démons 2 (1986) de Lamberto Bava...) manque de charisme, et Elke Sommer se rend ici assez exaspérante par ses cris incessants, ses bavardages inintéressants et sa garde-robe psychédélique, peu en phase avec l'atmosphère du film.

Si la perfection stylistique de Baron vampire est impressionnante, il s'en dégage tout de même une impression de froideur et d'ennui, et ce film est tout de même trop inégal pour pouvoir être comparé aux plus grandes réussites de Mario Bava. Handicapé par un scénario trop banal, il lui manque une personnalité affirmée et originale. Pourtant, cette histoire de sorcellerie baignée dans l'atmosphère germanique de la forêt noire et tourné dans un décor flamboyant, a pu influencer Dario Argento pour Suspiria, notamment pour la scène de la pendaison saisie en gros plan, dont on trouve ici un équivalent. Baron vampire n'aura pas beaucoup de succès en Europe, mais il fonctionnera bien aux USA, et Alfredo Leone, Mario Bava et Elke Sommer vont aussitôt se remettre au travail en tournant en Espagne le chef d'oeuvre Lisa et le diable.

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Mou du genou
■ Fab 13/11/2005
Ouaip, c'est bien mou tout ça. Que le scénar soit mince j'm'en fous (de grands chef d'oeuvres ont des scénars moyens) mais que le film multiplie les scènes de dialogues longues et ennuyeuses, ça ! C'est d'autant plus dommage que les séquences où intervient le fameux Baron sont très bien (la course poursuite nocturne est exemplaire). Autre point qui m'a titillé : bien que la réal' soit dans l'ensemble très bonne, les zooms répétitifs ont eut tendance à m'énerver.

Je recommande tout de même la vision de ce film aux amateurs de Suspiria et à ceux qui apprécient les films où l'ambiance prime sur le reste
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