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A Phœnix, Marion Crane, une petite employée de bureau, subtilise 40 000 dollars à son patron. Elle quitte la ville en voiture pour rejoindre son amant. Mais un policier la suit. Pour le semer, elle quitte la route principale. Elle est alors surprise par la nuit et la tempête...



En 1960, après avoir réalisé La mort aux trousses (1959), Hitchcock décide de produire lui-même un film à petit budget. Il adapte le roman Psychose de Robert Bloch (écrivain bien connu des amateurs de Lovecraft), dont il disait particulièrement apprécier la surprenante structure du récit. Il rassemble un casting d'acteurs peu connus, à part Janet Leigh (qui interpréta la jeune épouse de Charlton Heston dans La soif du mal (1958) d'Orson Welles) et Anthony Perkins. Psychose connaîtra un succès international et deviendra le film le plus populaire de son réalisateur. Beaucoup plus tard, après sa mort, on donnera trois séquelles à cette oeuvre (Psychose II (1983) de Richard Franklin, Psychose III (1986) réalisé par Anthony Perkins, et Psychose IV (1991) de Mark Garris pour la télévision).
Psychose est une date fondamentale, qui annonce une grande partie du cinéma d'épouvante à venir. L'horreur n'y est plus obtenue en mêlant des mythes fantastiques (vampire, loup-garou...) à une atmosphère étrange, comme l'avaient fait les compagnies Universal (Dracula (1931)...) et Hammer (Frankenstein s'est échappé (1957)...). Elle est invoquée en plaçant dans un quotidien banal, à la limite du sordide, les exactions d'un serial-killer dérangé et très brutal. D'autre part, le fameux meurtre sous la douche va aussi influencer de nombreux autres réalisateurs en mêlant une violence graphique spectaculaire à un érotisme troublant. La même année sortira en Angleterre Le voyeur (1960) de Michael Powell qui va lui aussi mélanger tueur psychopathe et obsessions malsaines dans un environnement social réaliste et contemporain.

Psychose et Le voyeur vont trouver un écho singulier en Italie, avec les "giallos" de Mario Bava (La fille qui en savait trop (1963), Six femmes pour l'assassin (1964)...) et de Dario Argento (L'oiseau au plumage de cristal (1970)...), dans lesquels des sadiques fétichistes trucident quantités de jeunes filles. Puis, influencés par ces œuvres latines, les slashers américains (Halloween (1978) de John Carpenter, Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham...) lâcheront une nouvelle génération de tueurs en série dans les salles de cinéma.

Psychose commence comme un Hitchcock classique. Janet Leigh, extraordinaire dans ce rôle, y campe une bourgeoise blonde typique de l'univers de ce réalisateur. Celui-ci fait monter le suspens avec beaucoup d'intelligence, en nous faisant partager le sentiment de culpabilité de Marion Crane. A un moment, le film part de manière surprenante dans la direction d'une histoire d'horreur. Hitchcock va, grâce à son savoir-faire, à sa maîtrise technique époustouflante et à son humour noir, dépasser les limites du genre.

L'interprétation de Perkins oscille étrangement entre la parodie (la discussion morbide avec Marion Crane, son jeu très appuyé et bourré de tics...) et des attitudes réellement angoissantes, rappelant les acteurs du cinéma expressionniste allemand : ainsi, la grande silhouette décharnée et torturée de Norman Bates évoque celle de César, le somnambule interprété par Conrad Veidt dans Le cabinet du docteur Caligari (1920). Les rapprochements avec ce cinéma ne s'arrêtent pas là, puisque la moitié du métrage est en fait muette : les scènes les plus réussies sont sans doute celles qui, dénuées de dialogues, reposent sur un découpage redoutablement habile et efficace. Ces séquences sont d'ailleurs soutenues par la géniale musique de Bernard Herrmann, inégalée dans le genre jusqu'à aujourd'hui.

On note encore que Hitchcock mélange ici le thriller et la psychanalyse, comme il l'avait déjà fait dans certains de ses films les plus fameux (La maison du docteur Edwards (1945), Les enchaînés (1945), et surtout Sueurs froides (1958)...). Mais dans ce complexe d'Œdipe délirant, il semble pousser la démarche jusqu'à un point complètement extrême et absurde, proche de la parodie. Son œuvre suivante, Les oiseaux (1963), sera très dure et appartiendra elle aussi au domaine du cinéma d'épouvante.

On remarque encore que l'esthétique de série B de Psychose apporte un changement d'atmosphère par rapport aux œuvres précédentes du réalisateur anglais : chambres d'hôtel crasseuses, appartements exigus, garage misérable, motel isolé... On est loin de l'impression d'élégance, de charme et de glamour qui émanait de films comme La mort aux trousses (1959), La main au collet ( 1954) ou Fenêtre sur cour (1955). Cela donne à Psychose une atmosphère de vie quotidienne pesante et triste. De même les motivations du meurtrier sont particulièrement sordides. Ce réalisme très noir n'est guère surprenant quand on sait que Hitchcock s'est inspiré du fameux serial-killer Ed Gein qui a sévi aux USA entre 1954 et 1957. Ce cannibale nécrophile a inspiré d'autres films comme Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper et Le silence des agneaux (1991) de Jonathan Demme.

Voir Psychose pour la première fois est une expérience absolument extraordinaire. Forcément, les scènes chocs font moins peur par la suite, mais l'habileté démoniaque d'Hitchcock, son humour noir et la beauté morbide des images conservent une force inaltérable. Il s'agit d'une date incontournable de l'histoire du cinéma d'épouvante, grâce à sa violence graphique et son efficacité.

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Remarquable, mais... [! ATTENTION SPOILER !]
■ Ben Smith 31/08/2004
... une petite chose m'a déplu dans ce film, c'est le sentiment, à la fin du film, de m'être fait berner de façon de façon très grossière.

À un moment, il y a un plan en plongée de Bates dévalant l'escalier avec sa mère dans ses bras. Mais quand, à la fin du film, on voit finalement la mère (ou ce qu'il en reste) en plan rapproché, on se rend compte d'une chose: si ce plan de l'escalier a été filmé en plongée, c'est uniquement pour qu'on ne voie pas le corps de la mère de trop près ! D'où l'impression d'avoir été le jouet d'une ruse pas très subtile...

Sinon, le film reste tout à fait remarquable... mais je préfère "Vertigo"
Pffffouloulou !...
■ Vonv 02/02/2004
...ben faut pas avoir envie de ronquer après avior vu ce chef d'oeuvre de l'angoisse à vous retourner les boyaux !

Ca fait un bail que je ne l'ai pas vu mais le souvenir est toujours aussi frais à ma mémoire; et certaines scènes me reviennent comme si je l'avais vu hier.

Manu a raison : des images léchées aux petits oignons, des scènes à la tension sincèrement palpable, des acteurs terribles et une scène de la douche à son nombre impressionnant de plans qui vous fait prendre des bains pendant les mois suivant...

A voir ab-so-lu-ment !
Soupir.......
■ Docteur Clarendon 16/08/2003
Une grande déception pour moi. Le film a des qualités et il est unanimement consacré par toutes les critiques. Une histoire de goût car je n'ai pas vraiment été convaincu par le "génie" de Hitchcock. A vrai dire je n'aime pas son oeuvre, ni le personnage je suis donc assez peu objectif. Rien que d'en parler cela m'ennuie !
attention chef d'oeuvre
■ Pierre62 15/07/2003
Ce film m'a marqué. Il est trop puissant. Dommage que Perkins, hanté par le rôle, ait cru bon de nous infliger 3 suites toutes plus médiocres les unes que les autres.
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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