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Robin, un garçon doué de pouvoirs paranormaux, est enlevé par un mystérieux service secret américain. Son père, Peter, décide de tout mettre en œuvre pour le retrouver...



Furie a été réalisé par Brian De Palma (Phantom of the Paradise (1974), Mission to Mars (2000)...) juste après Carrie (1976). Il bénéficie de la présence d'excellents comédiens : les deux premiers rôles sont tenus par Kirk Douglas (Spartacus (1960) et Les sentiers de la gloire (1957) de Stanley Kubrick...) et John Cassavetes (Les douze salopards (1967), Rosemary's Baby (1968) de Polanski... ; il est aussi le réalisateur des formidables Meurtre d'un bookmaker chinois (1976), Opening night (1977)...). On y retrouve des comédiennes de Carrie, dont Amy Irving. Enfin, la musique est ici composée par John Williams (La guerre des étoiles (1977) de Georges Lucas, Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg...).
Brian De Palma est connu pour être très influencé par Alfred Hitchcock : ainsi nombre de ses films sont des remakes très personnels des œuvres du maître du suspens. Pulsions (1980) reprend la trame de Psychose (1960) ; Body double (1984) mélange le voyeurisme de Fenêtre sur cours (1954) et la passion nécrophile de Sueurs froides (1958) ; Mission : impossible (1996) renvoie à l'intrigue d'espionnage de La mort aux trousses (1959)... Ici, il nous raconte l'histoire d'un homme, Peter, prêt à tout pour retrouver son fils, enlevé par des agents secrets (comme dans les deux versions de L'homme qui en savait trop (1934 en Angleterre, et 1956 aux USA)). Son expérience d'espion aguerri le rend très dangereux pour ses ennemis qui, au sein même du gouvernement américain, vont tenter de l'éliminer : il devient un fugitif isolé et traqué, comme Robert Donnat dans Les 39 marches (1935) ou Cary Grant dans La mort aux trousses.

Mais Furie n'est pas seulement un thriller : c'est aussi un très habile récit de science-fiction, s'inscrivant dans la continuité de Carrie. On retrouve à nouveau des jeunes gens, Robin et Gillian, doués de pouvoirs mentaux surnaturels. Ils évoluent toutefois dans un milieu très différent de celui de Carrie White : celle-ci était broyée et isolée par le conformisme médiocre d'une petite ville et par l'éducation bornée et bigote de sa mère. Guillian et Robin vivent dans un environnement urbain privilégié et sont entourés par des parents aimants et attentifs. Leur différence est prise en compte par la société : on les place dans un établissement spécialisé dans lequel ils sont traités avec soin et respect. Pourtant, le résultat sera tout aussi désastreux : une mystérieuse agence d'Etat va tenter de les utiliser comme des cobayes en les soumettant à des exercices et à des chocs intenses afin d'explorer au maximum leurs pouvoirs. Cela déclenchera une série de catastrophes incontrôlables. Toute cette partie du récit, notamment ce qui tourne autour du mystérieux personnage de Childress, me semble une inspi Delta Green tout à fait intéressante. Cela annonce le conflit des mutants dans Scanners (1981) de David Cronenberg, ainsi que les enfants-cobayes d'Akira (1988) de Katsuhiro Ôtomo.

Encore une fois, le cinéma de De Palma séduit particulièrement grâce à ses personnages très attachants et émouvants : Kirk Douglas prête ainsi toute son énergie et sa générosité au personnage de Peter, veuf recherchant avec obstination et au péril de sa vie son fils unique disparu ; Amy Irving incarne une adolescente fragile et touchante. Cassavetes interprète de son côté un méchant sans scrupule, prêt à toutes les manipulations et les traîtrises pour arriver à ses fins, tel qu'on en rencontre souvent dans les films de De Palma (Phantom of the Paradise, Body double...). Un sens aigu du mélodrame, caractéristique des meilleurs œuvres de De Palma est encore présent : un véritable tourbillon de haine, de vengeance et de violence va entraîner les personnages dans une tragédie sanglante et absurde, qui fauchera inutilement les vies de nombreux innocents.

Le récit de grande qualité, est plein du suspens et de rebondissements très habiles. De Palma nous ménage encore quelques uns de ces extraordinaires tours de force visuels dont il a le secret (on se rappelle le final éblouissant de Phantom of the Paradise ou le bal de Carrie...) : la grandiose scène de l'évasion de Gillian, ou les quelques séquences gores tout à fait saisissantes. On peut toutefois regretter que Furie soit un peu lent au démarrage, mais ce n'est pas grand chose comparé à ses autres qualités.

Intelligent, émouvant, très habilement filmé et construit, Furie est bien donc bien digne de figurer parmi les plus grands réussites de son réalisateur, qui alignait avec une facilité déconcertante les chefs d'œuvres à la fin des années 1970.

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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